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Ahoua Don-Mello : le pari d’une économie ivoirienne fondée sur ses propres leviers

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Ingénieur et ex-patron du BNETD, Ahoua Don-Mello entre dans la présidentielle 2025 avec une vision ambitieuse : relocaliser la création de valeur, industrialiser autour des ressources nationales et financer le développement via un fonds souverain. Un discours souverainiste assumé, à concilier avec les contraintes d’attractivité et de gouvernance.

Un profil d’ingénieur devenu stratège

Docteur des Ponts et Chaussées, ancien directeur général du BNETD, Ahoua Don-Mello revendique une approche technocratique du pouvoir : planifier, rationaliser, exécuter.
Son passage à la tête du BNETD (2000-2011) lui a permis de piloter de grands projets d’infrastructure, des barrages aux technopoles. Aujourd’hui vice-président de l’Alliance internationale des BRICS, il promeut une lecture multipolaire du développement : diversification des partenaires, valorisation des savoirs locaux et financement alternatif.

Le cœur du programme : reprendre la main sur les secteurs stratégiques

Le candidat propose une reconfiguration progressive des secteurs jugés essentiels – énergie, télécoms, ports, banques, mines – au profit d’opérateurs publics ou nationaux.
L’objectif : accroître le contenu local du PIB et renforcer la résilience de l’économie face aux chocs externes.
Mais pour les investisseurs, le point clé sera la méthode : renégociation graduelle des concessions, compensation encadrée et maintien des standards contractuels pour éviter une hausse du risque-pays.

Fin du franc CFA ? Une consultation nationale plutôt qu’un retrait brutal

Au cœur de son programme figure un chantier sensible : la souveraineté monétaire.
Don-Mello dénonce la gouvernance opaque de la BCEAO et l’absence de reddition de comptes sur la politique de crédit et de taux.
Plutôt qu’une sortie unilatérale du CFA, il propose une consultation démocratique nationale et régionale pour redéfinir les conditions d’un système monétaire africain indépendant.

Parmi les options évoquées :

  • création d’une Banque centrale africaine, d’une Banque d’investissement africaine et d’un Fonds monétaire africain ;
  • mobilisation des réserves d’or stockées à la Banque de France comme base de garantie ;
  • réflexion autour d’une future monnaie commune, l’AFRO.

Le fonds souverain, pilier du financement endogène

Inspiré à la fois du modèle norvégien et des pratiques des BRICS, le fonds souverain ivoirien serait alimenté par les recettes minières, pétrolières et agricoles.
Il financerait les infrastructures, l’éducation et l’innovation, tout en constituant une épargne nationale.
La crédibilité du dispositif dépendra d’un cadre légal clair : gouvernance indépendante, reporting public et discipline budgétaire. Sans cela, le fonds pourrait perdre sa vocation d’investissement productif.

Une économie de la matière grise

Au-delà des ressources naturelles, Don-Mello mise sur la montée en compétence nationale.
Son plan “capital humain” prévoit la formation de techniciens, d’ingénieurs et d’entrepreneurs, ainsi que la création de zones économiques spéciales pour ancrer l’emploi industriel.
L’idée : faire de la Côte d’Ivoire un pôle de production et non plus un simple fournisseur de matières premières.

Verdict – Une vision cohérente mais exigeante

Le programme Don-Mello combine souverainisme économique et ingénierie institutionnelle.
Sa réforme monétaire, prudente dans la méthode mais radicale dans le principe, placerait la Côte d’Ivoire à l’avant-garde d’un débat africain majeur.
Pour les entreprises, la promesse est double : davantage de contenu local, mais une période de transition à piloter avec prudence.

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