Le gouvernement burkinabè a annoncé la suspension immédiate des exportations d’amandes de karité, une matière première cruciale pour les industries locales. Cette mesure vise à soutenir le développement des unités de transformation au niveau national, impactant ainsi la filière, dominée par les femmes, et générant des revenus significatifs pour le pays.
Le Burkina Faso a franchi un cap décisif dans la gestion de sa filière karité en suspendant, mercredi, les exportations d’amandes de karité sur toute l’étendue du territoire. Cette décision, annoncée par le ministère du Développement Industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises, est effective immédiatement et vise à garantir que la précieuse matière première reste disponible pour les entreprises locales de transformation.
Selon le gouvernement, cette mesure stratégique s’aligne sur une volonté de renforcer l’économie nationale en augmentant les capacités des unités de transformation locales. L’objectif est clair : développer une industrie de transformation solide et compétitive, capable de créer davantage de valeur ajoutée et de générer des emplois au niveau local.
La filière karité, qui génère des revenus d’exportation considérables, est un moteur économique vital pour le pays, surtout pour les femmes, qui dominent ce secteur. Les données de la Banque africaine de développement montrent une augmentation des revenus d’exportation de 52,7 millions de dollars en 2016 à 61,8 millions en 2019. Ce dynamisme économique repose en grande partie sur la production annuelle d’environ 400.000 tonnes d’amandes de karité.
Cependant, cette suspension soulève plusieurs enjeux. D’un côté, elle devrait permettre de redynamiser l’industrie locale, en assurant un approvisionnement continu en amandes pour les transformateurs nationaux. De l’autre, elle pourrait perturber les marchés internationaux, où la demande en produits dérivés du karité, utilisés dans les industries cosmétiques et alimentaires, est croissante.
Au-delà des considérations économiques, cette décision pourrait aussi avoir un impact social, notamment pour les nombreuses femmes qui collectent et transforment le karité. Un soutien renforcé à ces actrices clés pourrait non seulement stimuler la croissance économique, mais aussi renforcer l’autonomie financière des communautés rurales.
Le Burkina Faso fait donc face à un défi de taille : réussir à créer une chaîne de valeur nationale solide, tout en maintenant sa place sur les marchés internationaux.