Economie

Côte d’Ivoire : une croissance robuste mais bridée par une productivité en panne

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Avec une croissance projetée à 6,2 % en 2025, l’économie ivoirienne confirme son dynamisme. Mais selon la Banque mondiale, les gains de productivité restent trop faibles : un point de croissance ne réduit la pauvreté que de 0,6 %, contre 1,2 % en moyenne en Afrique subsaharienne.

La Côte d’Ivoire affiche une trajectoire économique impressionnante. Le PIB devrait croître de 6,2 % en 2025 et se maintenir au-dessus de 6 % jusqu’en 2027, porté par l’essor des hydrocarbures, des mines et des services. L’inflation, elle, devrait rester contenue à 2,8 %.

Mais derrière cette performance, un problème structurel persiste : la productivité du travail stagne, voire recule dans certains secteurs clés comme l’agriculture. Selon le rapport de la Banque mondiale, la croissance ivoirienne se traduit par une réduction de la pauvreté deux fois moins efficace que dans le reste de l’Afrique subsaharienne : +1 % de croissance n’entraîne qu’une baisse de 0,6 % du taux de pauvreté, contre 1,2 % ailleurs.

L’ économie reste dominée par l’emploi vulnérable et informel, qui représente près de 70 % de l’emploi total. Cette structure freine l’impact de la croissance sur les revenus des ménages et limite la montée en gamme de l’appareil productif.

Un retard productif préoccupant

Entre 2018 et 2023, la croissance de la productivité totale des facteurs (PTF) a ralenti, passant en moyenne de 0 % à -1 %, alors que la Banque mondiale estime qu’il faudrait viser +1,8 % pour rester sur une trajectoire d’émergence. Ce différentiel explique pourquoi le revenu par habitant progresse moins vite que nécessaire.

Pour atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2035, la Côte d’Ivoire devrait hisser son revenu par habitant autour de 4 500 dollars, soit environ 2,95 millions de FCFA. Un objectif ambitieux, qui suppose des gains de productivité soutenus dans l’industrie, les services et l’agriculture.

Trois leviers pour relancer la machine

Le rapport identifie trois priorités majeures :

  • Doubler les IDE non extractifs, afin d’introduire de nouvelles technologies et renforcer la compétitivité des industries locales
  • Réduire les coûts logistiques et administratifs, qui grèvent encore la compétitivité des PME ivoiriennes
  • Investir dans le capital humain : améliorer la qualité de l’éducation et de la formation est indispensable pour répondre à la demande croissante de main-d’œuvre qualifiée

Un enjeu social et politique

Sans gains de productivité, l’économie ivoirienne risque de rester prisonnière d’un modèle extensif : plus de travailleurs et plus de capital, mais peu d’efficacité supplémentaire. Ce modèle est vulnérable aux chocs extérieurs et ne garantit pas une prospérité partagée.

Pour les investisseurs, la Côte d’Ivoire reste une destination attractive, mais le vrai pari sera de savoir si le pays réussira à transformer sa croissance en productivité durable et en amélioration tangible du niveau de vie.

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