Dans un rapport stratégique, la Banque africaine de développement estime que l’intelligence artificielle pourrait propulser l’économie africaine vers une nouvelle phase de croissance, à condition de structurer les écosystèmes numériques et d’accélérer le passage à l’échelle.
L’ Afrique dispose d’une fenêtre d’opportunité unique pour tirer parti de l’intelligence artificielle. C’est le message central du rapport publié par la Banque africaine de développement (BAD), qui chiffre à 1 000 milliards de dollars les gains de productivité que l’IA pourrait générer sur le continent d’ici à 2035.
Fruit des travaux du Groupe de travail du G20 sur la transformation numérique, le rapport met en avant une réalité souvent sous-estimée : l’IA ne constitue pas seulement un outil technologique, mais un levier structurel de transformation économique, capable de faire passer l’Afrique d’une croissance incrémentale à une croissance exponentielle.
L’ étude souligne que, sans rupture technologique majeure, l’économie africaine continuerait de progresser, mais sans transformation profonde de la productivité du travail ni des capacités fiscales. L’IA offre une alternative, en permettant d’optimiser les chaînes de valeur existantes, d’améliorer l’efficacité des services publics et de renforcer la compétitivité des entreprises.
Les gains les plus importants sont attendus dans des secteurs où l’Afrique combine taille de marché, besoins non satisfaits et potentiel d’adoption rapide. L’agriculture arrive en tête, suivie du commerce, de l’industrie manufacturière, de la finance et de la santé. Ensemble, ces secteurs pourraient capter près de 580 milliards de dollars de valeur additionnelle grâce à l’IA.
Mais le rapport met en garde : le potentiel de l’IA ne se réalisera pas automatiquement. Il repose sur cinq piliers fondamentaux. Les données, d’abord, qui doivent être accessibles, fiables et interopérables. La puissance de calcul, ensuite, indispensable pour héberger et faire fonctionner les modèles d’IA. Les compétences, pour développer et maintenir ces solutions. La confiance, fondée sur des cadres réglementaires clairs et une gouvernance responsable. Enfin, le capital, nécessaire pour financer l’innovation et réduire les risques liés aux technologies émergentes.
La BAD propose également une feuille de route en trois phases : une phase de démarrage entre 2025 et 2027, axée sur les fondations numériques ; une phase de consolidation entre 2028 et 2031 ; puis une phase de passage à l’échelle entre 2032 et 2035.
« Le défi de l’Afrique n’est plus de savoir quoi faire, mais de le faire au moment opportun », résume Ousmane Fall, directeur du développement industriel et commercial à la BAD. Un message clair : l’IA n’est plus un pari futuriste, mais une décision stratégique immédiate pour les économies africaines.