En trois ans, la part d’adultes disposant d’un compte est passée de 51% à 58%. Mais cette progression masque de fortes disparités : les urbains et les plus aisés profitent du boom du mobile money, tandis que les ruraux et les plus pauvres stagnent.
Des écarts sociaux persistants
Le Global Findex 2024 met en lumière une fracture nette selon le revenu. Parmi les 60% les plus aisés, 67% disposent d’un compte, contre seulement 44% chez les 40% les plus pauvres. Trois ans plus tôt, l’écart était déjà présent (55% contre 44%) et il n’a pas diminué. Autrement dit, le mobile money a surtout bénéficié aux classes moyennes et supérieures, laissant les plus modestes sur le bord du chemin.
Une fracture territoriale marquée
La géographie accentue cette dualité. En 2024, 69% des habitants des zones urbaines détiennent un compte, contre seulement 51% dans les zones rurales. À Abidjan, l’écosystème digital est omniprésent – agences, points mobile money, applications fintech – tandis que dans les villages, les distances, la faiblesse du réseau et la rareté des points de service maintiennent le cash comme norme.
Éducation et emploi : facteurs déterminants
Le niveau scolaire accentue aussi les inégalités : 75% des adultes ayant atteint le secondaire ou plus détiennent un compte, contre 49% pour ceux n’ayant que le primaire ou moins. De même, l’appartenance au marché du travail joue un rôle : 61% des actifs sont inclus financièrement, contre 48% pour ceux en dehors de la population active. Ces écarts traduisent la difficulté d’inclure les personnes faiblement éduquées, précaires ou sans emploi stable.
Le miroir des inégalités ivoiriennes
Ces disparités ne sont pas propres à la finance. Elles reflètent une société segmentée où chaque service – éducation, santé, mobilité – oppose deux univers : écoles publiques contre écoles privées, hôpitaux saturés contre cliniques modernes, transport collectif contre voiture personnelle. L’inclusion financière suit le même schéma : deux mondes qui coexistent mais ne se rencontrent guère.
La Côte d’Ivoire affiche des progrès globaux en matière d’inclusion, mais à deux vitesses. Le mobile money a ouvert la voie, sans parvenir à réduire les fractures sociales et territoriales. Pour les acteurs financiers comme pour les pouvoirs publics, le véritable défi sera d’inclure les plus pauvres et les ruraux dans cette révolution numérique.
Cet article fait partie du dossier Afriveille :
👉 [Inclusion financière – Global Findex 2024]