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Port d’Abidjan : cap franchi des 40 millions de tonnes et finances solides

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Photo de Tom Fisk: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/pile-de-conteneurs-van-lot-3245117/

Avec une croissance de 15,6 % en 2024 et un trafic conteneurisé en plein essor, le Port autonome d’Abidjan consolide sa place de hub ouest-africain. Soutenu par des marges élevées et une bonne notation financière, l’établissement public célèbre son jubilé des 75 ans avec confiance.

Un record symbolique : 40 millions de tonnes

Pour la première fois de son histoire, le Port autonome d’Abidjan (PAA) a franchi en 2024 le seuil symbolique des 40 millions de tonnes de marchandises, contre 34,7 Mt l’année précédente, soit une hausse de 15,6 %. Cette performance confirme le rôle stratégique du port, qui concentre plus de 75 % des échanges extérieurs de la Côte d’Ivoire et génère 78 % des recettes douanières nationales.

Le trafic national reste dominant, représentant 71 % du total (28,6 Mt), avec une nette prédominance des importations (19,9 Mt) sur les exportations (8,7 Mt). Les besoins liés à l’industrialisation et à la consommation soutiennent la demande : clinker (5,8 Mt), pétrole brut (3,6 Mt) et riz (1,95 Mt) figurent parmi les principales entrées.

Conteneurs : la marche vers 2 millions d’EVP

Le grand moteur de croissance est le trafic conteneurisé, qui atteint 1,65 million d’EVP en 2024, en hausse de 33 %. L’EVP – pour équivalent vingt pieds – est l’unité standard internationale correspondant à un conteneur de 20 pieds.

Le transbordement a littéralement explosé, bondissant de 116 % à 532 470 EVP, sous l’effet de la mise en service du deuxième terminal à conteneurs. Abidjan s’affirme ainsi comme plateforme de redistribution régionale pour les armateurs desservant l’Afrique de l’Ouest.

Le port vise désormais les 2 millions d’EVP en 2027, mais au rythme actuel, cet objectif pourrait être atteint dès 2025.

Transit sahélien sous contrainte

Le trafic de transit reste stable à 2,92 Mt (+0,8 %), malgré la dégradation sécuritaire dans la zone sahélienne. Les flux vers le Burkina Faso reculent de 7 % (2,06 Mt), tandis que le corridor malien progresse de 24 % (835 000 t), compensant les pertes. Le Niger, à partir d’une base faible, enregistre une reprise spectaculaire. Ces chiffres confirment la dépendance du port aux corridors sahéliens et les vulnérabilités liées à l’instabilité régionale.

Croisières et diversification

L’année 2024 a aussi marqué l’émergence du port comme escale de croisières : 12 paquebots y ont accosté, contre 4 un an plus tôt. Une diversification qui renforce l’image internationale d’Abidjan et son attractivité touristique.

Des finances saines et une rentabilité élevée

Au-delà des flux physiques, le Port autonome d’Abidjan affiche des résultats financiers solides. Les derniers comptes publiés (2019) indiquaient un chiffre d’affaires de 88 milliards FCFA, un résultat net de 15,7 milliards et une marge nette de 17,9 %. L’excédent brut d’exploitation dépassait 35 milliards, et la capacité d’autofinancement avoisinait 30 milliards.

Cette profitabilité structurelle s’accompagne toutefois d’un niveau d’endettement élevé (446 milliards de dettes financières en 2019), reflet d’investissements massifs dans les infrastructures portuaires. La capacité de remboursement oscillait entre 10 et 15 ans, un ratio classique pour ce type d’actifs lourds.

En 2024, l’agence Bloomfield Investment a confirmé la notation du port à AA (long terme) et A1 (court terme), avec perspective stable. La qualité de crédit est jugée « très élevée », grâce au soutien de l’État ivoirien (actionnaire unique via un capital de 100 milliards FCFA) et à la stabilité des revenus tirés des activités portuaires.

Investissements et innovation

Le PAA poursuit par ailleurs la modernisation de ses infrastructures : dragage du canal de Vridi, réhabilitation des quais, acquisition de nouvelles vedettes, mise en service de centrales solaires (207 kWc installés, 1 070 kWc en cours). Sur le plan digital, 29 projets innovants ont été déployés, dont la signature électronique et l’automatisation robotisée (RPA) de 70 % des processus.

Ces efforts visent à améliorer la fluidité, réduire les coûts et renforcer la compétitivité face aux autres hubs régionaux, notamment Lomé, Tema et Dakar.

Une position renforcée dans la sous-région

En franchissant le cap des 40 Mt, Abidjan confirme son rang de premier port d’Afrique de l’Ouest, combinant croissance soutenue, marges confortables et investissements de modernisation. Pour 2025, le port projette un trafic global de 41 Mt et 1,8 million d’EVP, dont 580 000 EVP de transbordement.

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