D’après les données de Global Statcounter, les usages des réseaux sociaux en Côte d’Ivoire se réorganisent. Si Facebook demeure ultra-dominant, il recule au profit de Twitter, dont la part d’usage a quadruplé entre mars et septembre 2025. Un phénomène qui pourrait refléter le rôle croissant du réseau dans le débat public à l’approche de la présidentielle.
Facebook reste hégémonique mais en perte de vitesse
Sur la période septembre 2024 – septembre 2025, Facebook reste le point d’entrée privilégié du numérique ivoirien, concentrant encore près de 74 % des usages à la fin de la période. Le réseau recule toutefois de près de 20 points par rapport à son pic de mars 2025 (91,9 %), un repli significatif pour une plateforme historiquement dominante dans le pays.
Ce tassement témoigne d’un début de diversification des pratiques digitales. Si Facebook reste le média social “de masse”, présent sur tous les segments d’âge et de territoire, il n’échappe plus à l’érosion de l’attention, notamment parmi les jeunes urbains.
Un paysage dominé par les usages légers et conversationnels
Derrière Facebook, Twitter (X) s’impose comme le deuxième réseau le plus consulté, avec 20,5 % des usages en septembre 2025, contre seulement 5,2 % six mois plus tôt.
Les autres plateformes restent marginales : Instagram (1,8 %), YouTube (2,2 %) et LinkedIn (0,25 %) occupent des positions secondaires, freinées par le coût élevé des données mobiles et la faible pénétration de la 4G et de la fibre en dehors d’Abidjan.
Les usages ivoiriens demeurent donc largement orientés vers la conversation et la réactivité, plutôt que vers les formats visuels lourds ou immersifs. Cette configuration avantage des réseaux rapides et textuels comme Facebook et Twitter.
Twitter, le grand retour
Le rebond spectaculaire de Twitter (X) depuis le printemps 2025 surprend par son ampleur. Après plusieurs mois de désaffection, la plateforme a retrouvé un rôle central dans l’espace public ivoirien.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette remontée :
- Un effet d’actualité : la montée en puissance des discussions politiques et citoyennes à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025 a ravivé l’intérêt pour un réseau perçu comme plus direct et moins filtré.
- La migration des influenceurs et journalistes : de nombreux créateurs de contenu ont réinvesti Twitter, notamment pour commenter l’actualité économique, sécuritaire et sociale.
- Une audience plus jeune et plus urbaine : les étudiants et jeunes actifs d’Abidjan y trouvent un espace de veille et d’expression moins saturé que Facebook.
Cette dynamique reste à confirmer sur la durée, mais elle signale le retour de Twitter comme média d’opinion et de viralité en Côte d’Ivoire, là où Instagram et YouTube peinent encore à s’imposer.
Vers un nouvel équilibre digital
Si la domination de Facebook reste nette, la tendance actuelle esquisse une recomposition progressive du paysage social ivoirien, où les plateformes se segmentent selon les usages :
- Facebook : l’audience de masse et les interactions communautaires ;
- Twitter : la conversation publique et le temps réel ;
- Instagram et YouTube : la visibilité de marque et les contenus visuels premium ;
- LinkedIn : la niche professionnelle, encore émergente.
L’évolution du coût de la data et la diffusion de la fibre pourraient accélérer ce mouvement en 2026, ouvrant la voie à une consommation plus riche et plus segmentée du digital ivoirien.
