Connect with us

Economie

L’Afrique face à ses défis : 858 000 milliards de FCFA en jeu pour financer son développement

Avatar

Publié

le

Perspectives Economiques Bad 2025
Credit Photo : Afdb

Le rapport 2025 de la Banque africaine de développement met en lumière la résilience économique du continent malgré les tensions mondiales. Avec des réformes ciblées, l’Afrique pourrait mobiliser l’équivalent de 43 % de son PIB en ressources internes supplémentaires, soit plus de 858 000 milliards de FCFA (1 430 milliards de dollars).

Portée par une croissance attendue de 3,9 % en 2025, l’Afrique fait montre d’une robustesse remarquable dans un environnement mondial marqué par les tensions géopolitiques et les incertitudes commerciales. Le rapport Perspectives économiques en Afrique 2025, publié mardi à Abidjan lors des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), dresse un tableau contrasté mais porteur d’espoir.

Loin de s’arrêter à un simple diagnostic conjoncturel, l’édition 2025 du rapport s’attaque au nœud du problème : la mobilisation du capital africain. Selon Kevin Urama, économiste en chef du Groupe de la Banque, « l’Afrique doit se tourner vers elle-même » pour capter les ressources nécessaires à son développement. Le potentiel est colossal. En optimisant ses systèmes fiscaux et non fiscaux, le continent pourrait générer 1 430 milliards de dollars, soit environ 858 000 milliards de FCFA, à l’horizon 2030.

Le fardeau de la dette se creuse : 27,5 % des recettes publiques sont aujourd’hui absorbées par les paiements d’intérêts, contre 19 % en 2019. Quinze pays africains souffrent d’une inflation à deux chiffres. Pourtant, 21 pays devraient croître de plus de 5 % en 2025, et quatre — dont le Rwanda et le Sénégal — franchir le seuil des 7 %, critique pour la lutte contre la pauvreté.

Les disparités régionales restent marquées. L’Afrique de l’Est affiche des perspectives dynamiques (5,9 % en 2025-2026), portée par l’Éthiopie et la Tanzanie, tandis que l’Afrique australe, pénalisée par la stagnation sud-africaine, plafonne à 2,2 %. Mais au-delà des chiffres, la BAD insiste sur une réforme en profondeur : numérisation fiscale, valorisation du capital naturel, approfondissement des marchés financiers.

En toile de fond, un défi majeur : stopper les fuites de capitaux, qui ont coûté environ 587 milliards de dollars, soit environ 352 000 milliards de FCFA, au continent en 2022. C’est plus de trois fois les entrées financières officielles (190,7 milliards de dollars, soit 114 420 milliards de FCFA). Dans ce total, 90 milliards de dollars (54 000 milliards de FCFA) ont été perdus par des flux illicites, 275 milliards (165 000 milliards de FCFA) via l’optimisation fiscale des multinationales, et 148 milliards (88 800 milliards de FCFA) à cause de la corruption.

« Lorsque l’Afrique mobilise efficacement son propre capital, les capitaux étrangers suivent », souligne Kevin Urama. À condition de restaurer la confiance, d’améliorer la gouvernance et d’ancrer l’État de droit, le pari africain sur lui-même reste à portée de main.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
ChatBot