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Economie

Cameroun : croissance de 3,5 % en 2024, inflation en repli, mais tensions budgétaires en hausse

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Cameroun
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Le dernier rapport de la Banque mondiale met en évidence une trajectoire économique contrastée au Cameroun : reprise modérée de l’activité (+3,5 %), inflation maîtrisée (4,5 %), mais pressions budgétaires et vulnérabilités externes en hausse.

Une reprise portée par les exportations agricoles et l’électricité

La croissance du PIB réel du Cameroun s’est établie à 3,5 % en 2024, contre 3,2 % en 2023. Cette performance est principalement liée à la hausse des cours du cacao, à l’amélioration des rendements du coton et à une meilleure fourniture d’électricité pour l’industrie. Le PIB par habitant a atteint 1 467 USD, dépassant le niveau d’avant la pandémie (1 458 USD en 2019), mais reste bien en dessous du sommet historique de 1 980 USD en 1986.

Inflation en nette baisse, pilotée par une politique monétaire stricte

L’inflation moyenne a reculé à 4,5 %, contre 7,4 % en 2023. Cette désinflation s’explique par le resserrement monétaire de la BEAC, les politiques gouvernementales de contrôle des prix et une diminution des pressions inflationnistes importées. Ce recul des prix a permis à la banque centrale d’amorcer un cycle d’assouplissement à partir de mars 2025.

Solde extérieur en amélioration, mais dépendance persistante aux matières premières

Le déficit du compte courant s’est réduit de 4,1 % à 3,4 % du PIB, grâce à la flambée des cours du cacao. Toutefois, cette amélioration reste conjoncturelle. La structure des exportations montre un recul de la complexité économique, reflétant une faible diversification et un contenu technologique en déclin.

Dérive budgétaire en 2024 et pression sur la dette publique

Le déficit budgétaire s’est creusé à 1,5 % du PIB, contre 0,7 % l’année précédente, en raison d’une hausse des dépenses courantes et de recettes fiscales inférieures aux prévisions. La dette publique atteint 46,8 % du PIB fin 2024, contre 46,1 % un an plus tôt. Sa couverture s’est élargie avec l’inclusion de la dette flottante, des arriérés intérieurs et des engagements des entreprises publiques.

Des perspectives à moyen terme modérément positives

La Banque mondiale prévoit une croissance moyenne du PIB réel de 3,9 % entre 2025 et 2028, soutenue par l’amélioration de l’approvisionnement énergétique et une reprise des investissements publics, notamment dans le bâtiment. L’inflation devrait converger vers l’objectif régional de 3 % d’ici 2027.

Le déficit courant devrait se stabiliser autour de 4 % du PIB, en raison du recul attendu de la production pétrolière et de la hausse des importations liées aux projets publics. Côté finances publiques, le déficit budgétaire devrait avoisiner 2 % du PIB, malgré une érosion continue des recettes pétrolières.

Des risques à surveiller pour les décideurs

La dette publique reste soutenable sur le papier, mais le risque de surendettement demeure élevé, en raison de la pression sur le service de la dette et de la volatilité des flux de financement. Les principaux risques macroéconomiques identifiés sont :

  • La volatilité des matières premières,
  • La persistance des tensions énergétiques,
  • Une mobilisation incertaine de l’aide budgétaire extérieure,
  • Et des tensions possibles autour de l’élection présidentielle de 2025.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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