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Côte d’Ivoire : pourquoi les jeunes tournent le dos aux urnes

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À trois mois du scrutin présidentiel, seuls 37 % des jeunes de 18 à 35 ans déclarent avoir voté lors de la dernière élection nationale. Méfiance vis-à-vis des partis, mémoire des crises électorales passées et désenchantement profond vis-à-vis des institutions alimentent ce repli silencieux.

Un taux de participation parmi les plus faibles d’Afrique

Selon le dernier rapport Afrobarometer, la Côte d’Ivoire enregistre l’un des plus faibles taux de participation des jeunes électeurs sur le continent : seuls 37 % des 18–35 ans déclarent avoir voté au dernier scrutin national. Ce chiffre est nettement en retrait par rapport aux plus de 35 ans (65 %) et à la moyenne africaine. L’abstention des jeunes Ivoiriens s’inscrit ainsi dans une tendance plus large de désengagement politique formel.

L’héritage des crises électorales pèse encore

À l’approche des élections de 2025, cette démobilisation ne saurait être dissociée du contexte ivoirien : les traumatismes post-électoraux de 2010, les affrontements lors de la présidentielle de 2020 et un climat politique souvent tendu ont nourri un sentiment de méfiance durable envers le processus électoral.

Des partis perçus comme éloignés

Seuls 31 % des jeunes se sentent proches d’un parti politique, contre 41 % en moyenne sur le continent. Pour beaucoup, le vote ne change rien : promesses non tenues, manque de renouvellement générationnel et absence de prise en compte de leurs préoccupations (emploi, éducation, mobilité). Le lien entre partis et jeunes électeurs semble rompu.

Une jeunesse pas si connectée politiquement

Contrairement aux discours dominants sur le “militantisme numérique”, seulement 4 % des Ivoiriens déclarent avoir parlé ou posté sur des sujets politiques en ligne. Les réseaux sociaux restent omniprésents dans la vie des jeunes, mais leur usage politique reste marginal, souvent cantonné à des cercles militants ou urbains.

En revanche, 10 % des jeunes ont participé à une manifestation, et 43 % ont pris part à au moins une réunion communautaire — preuve que l’engagement, s’il existe, se réinvente ailleurs, sur le terrain ou dans des espaces communautaires.

Une force électorale dormante

Alors que les moins de 35 ans représentent plus de 70 % de la population ivoirienne, leur désengagement électoral interroge. À défaut de mobiliser cette jeunesse, les partis risquent d’organiser une élection sans eux, avec un mandat affaibli dès le départ.

Les élections d’octobre 2025 seront bien plus qu’un choix de candidat. Elles seront un test pour la capacité des institutions à retisser un lien avec une génération désabusée. La jeunesse ivoirienne ne rejette pas la démocratie — elle attend qu’elle la regarde en face.

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