Avec une progression de 3,2 % en 2024, les crédits bancaires en Côte d’Ivoire ont atteint 7 377,4 milliards FCFA. Cette croissance modérée reste dominée par les financements aux entreprises privées, les crédits à l’équipement et à la consommation, dans un contexte de consolidation du marché.
Une croissance contenue malgré le potentiel du marché
Selon le rapport 2024 de la BCEAO, les banques ivoiriennes ont mis en place 7 377,4 milliards FCFA de crédits, contre 7 148,2 milliards l’année précédente, soit une hausse de +3,2 %. Cette progression, plus modérée que dans d’autres pays de l’UEMOA, n’est pas le signe d’un marché saturé, mais plutôt d’un financement toujours concentré sur un segment restreint d’acteurs formels.
Alors que le taux de bancarisation reste inférieur à 25 % et que de nombreuses PME, bien que formelles, peinent à accéder au crédit, la croissance des encours s’explique surtout par l’augmentation des volumes moyens accordés aux entreprises déjà établies.
Les sociétés privées concentrent l’essentiel des crédits
Les sociétés non financières captent 6 081 milliards FCFA des crédits accordés, soit plus de 80 % du total. Les ménages arrivent loin derrière (1 028,5 milliards), tout comme les administrations publiques (183,9 milliards).
Cette concentration traduit une stratégie prudente des banques, qui privilégient les clients à faible risque et disposant d’un historique bancaire documenté, au détriment de l’élargissement de la base bénéficiaire.
Les crédits à l’équipement et à la consommation en hausse
Les crédits à l’équipement progressent nettement (+12,3 %), pour atteindre 887,9 milliards FCFA, tandis que les crédits à la consommation gagnent 6,9 % (755,7 milliards). Les crédits immobiliers suivent une tendance similaire (+6,7 %).
En revanche, les crédits à l’exportation reculent fortement (–21,2 %), et les crédits de trésorerie stagnent (+1,8 %), confirmant une réorientation vers des financements plus structurants.
Une orientation vers des crédits à plus longue durée
La durée moyenne des crédits tend à s’allonger : plus de 78 % des montants sont accordés pour des maturités supérieures à un an. Les tranches de 5 à 10 ans représentent 773,9 milliards FCFA (+8,4 %) et celles de plus de 10 ans reprennent légèrement (59,3 milliards FCFA, +19,3 %).
Cette évolution suggère une certaine confiance dans les projets de moyen terme, mais ne doit pas masquer l’exclusion persistante de nombreuses PME et jeunes entreprises, encore considérées comme trop risquées ou insuffisamment structurées.
Une évolution à surveiller
Si les volumes progressent et que certaines maturités s’allongent, l’analyse des données montre aussi que le financement bancaire reste encore concentré sur une partie restreinte du tissu économique formel. L’ouverture plus large de l’accès au crédit, notamment pour les PME et les jeunes entreprises, reste une dynamique à suivre dans les années à venir.