Le Global Findex 2024 confirme l’ancrage du mobile money dans le quotidien. Mais la coexistence avec les banques perdure. L’arrivée des virements instantanés pourrait rebattre les cartes à long terme.
Un double système
En Côte d’Ivoire, la finance fonctionne sur deux registres. Le formel, dominé par les banques, demeure central pour les grandes entreprises, les salaires institutionnalisés et le crédit structuré. L’informel, lui, s’appuie de plus en plus sur le mobile money, prolongement naturel du téléphone, qui couvre les paiements du quotidien et les transferts familiaux.
Avec 53% des adultes utilisateurs en 2024, et près d’un jeune sur deux, le mobile est devenu incontournable. Mais seuls 17% détiennent un compte bancaire : la fracture entre les deux mondes reste nette.
Un changement structurel en cours
Le mobile money impose déjà de nouvelles normes – instantanéité, accessibilité, autonomie – que les banques peinent à reproduire. Pourtant, leur rôle reste clé : elles concentrent l’épargne rémunérée (même limitée à 3,5% HT/an) et contrôlent l’octroi de crédits structurants.
Le basculement n’est donc pas une substitution, mais une coexistence tendue. À long terme, la finance ivoirienne évoluera vers un modèle hybride, où le mobile captera les usages de masse, et les banques offriront profondeur et solidité.
L’effet des virements instantanés
Un élément pourrait rebattre les cartes : l’introduction des virements et transferts instantanés interbancaires. En intégrant les standards du mobile (rapidité, disponibilité 24/7), les banques pourraient réduire l’écart d’expérience et réintégrer le quotidien des ménages.
Mais tout dépendra de leur capacité à aller plus loin : digitaliser leurs offres, simplifier l’accès et concevoir des produits adaptés aux jeunes et aux ménages modestes. Sans cela, le mobile continuera de grignoter leur légitimité.
La Côte d’Ivoire reste dans une dualité entre formel et informel. Mais le mobile money transforme déjà les comportements, et l’introduction de systèmes bancaires instantanés pourrait accélérer une convergence. La question n’est plus de savoir si le changement aura lieu, mais comment il sera intégré dans un écosystème financier qui cherche encore son équilibre.
Cet article fait partie du dossier Afriveille :
👉 [Inclusion financière – Global Findex 2024]
