Selon un rapport conjoint de la Banque mondiale et de l’OMC, l’économie digitale pourrait représenter près de 10 % du PIB ivoirien à l’horizon 2050, contre 6 % en 2025. Cette trajectoire illustre le rôle croissant du numérique comme moteur de transformation économique.
D’après le rapport Digital Trade for Africa, l’économie numérique ivoirienne devrait générer 22 milliards de dollars en 2050, soit environ 13 200 milliards FCFA. À court terme déjà, la contribution attendue est de 5,5 milliards de dollars en 2025, soit près de 3 300 milliards FCFA. Ces perspectives confirment la montée en puissance du digital comme levier de croissance stratégique, aux côtés des piliers traditionnels que sont le cacao, l’agriculture et les mines.
Un marché porté par la démographie et la connectivité
La dynamique s’appuie sur une jeunesse urbaine de plus en plus connectée et sur la diffusion rapide de l’Internet mobile. En 2023, près de deux tiers des ménages se connectaient uniquement via leur téléphone portable. Les coûts d’accès, en forte baisse, sont désormais inférieurs à la moyenne africaine, ce qui facilite l’inclusion numérique.
Cependant, seuls 40 % des Ivoiriens utilisent Internet, un taux encore loin de la moyenne mondiale (64 %). Les fractures persistent entre zones rurales et urbaines et entre hommes et femmes : 91 % des hommes disposent d’un téléphone contre 77 % des femmes, un écart qui se creuse en campagne.
Des échanges numériques en pleine expansion
Depuis 2016, les exportations ivoiriennes de services digitaux progressent, notamment dans les télécoms et les services aux entreprises. Mais les importations croissent encore plus vite : +300 % entre 2016 et 2024, atteignant 2,07 milliards de dollars (1 242 milliards FCFA). La Côte d’Ivoire figure désormais parmi les premiers importateurs africains de services numériques, un signe de vitalité mais aussi de dépendance accrue aux technologies étrangères.
Un cadre réglementaire à moderniser
Si Abidjan a déjà adopté une loi sur la protection des données et une stratégie de cybersécurité, plusieurs freins demeurent :
- Transferts de données transfrontaliers soumis à autorisation préalable, ce qui accroît les coûts pour les entreprises
- Protection des consommateurs en ligne insuffisante, avec peu de recours en cas de litige
- Absence de cadre clair pour la responsabilité des plateformes
- Procédures administratives lourdes : jusqu’à 16 licences différentes pour lancer une activité e-commerce
Les réformes à venir
Le rapport recommande d’assouplir les règles sur les données, de renforcer la confiance des consommateurs, de généraliser l’usage des signatures électroniques et de simplifier l’environnement réglementaire. Objectif : faire de la Côte d’Ivoire un hub digital régional et capter une part croissante du marché africain, dans le cadre de la ZLECAf et des nouveaux accords de l’OMC.
Taux de conversion utilisé : 1 USD = 600 FCFA