Economie

Transport urbain : Abidjan ouvre son réseau à la concurrence face à une demande saturée

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Alors que les bus de la SOTRA ne couvrent que 7,5 % des déplacements quotidiens, l’État ivoirien met fin à leur exclusivité dans le Grand Abidjan. Une réforme destinée à accompagner la croissance démographique et l’arrivée de nouveaux modes de transport.

La décision était attendue depuis plusieurs années. Le 21 mai 2025, le gouvernement ivoirien a adopté en Conseil des ministres l’avenant n°002/2024 à la convention liant l’État à la SOTRA (Société des Transports Abidjanais), mettant fin à l’exclusivité de l’opérateur historique sur le réseau de transport collectif du Grand Abidjan. Une réforme qui ouvre désormais la voie à d’autres opérateurs publics ou privés, dans un marché en forte tension.

Cette ouverture intervient alors que le système de transport urbain ivoirien ne parvient plus à répondre à la demande croissante. Selon les données de l’Autorité de la Mobilité Urbaine du Grand Abidjan (AMUGA), 43,6 % des déplacements quotidiens s’effectuent encore à pied en 2020. En comparaison, les bus SOTRA ne représentent que 7,55 % des trajets, soit environ 1,27 million de déplacements par jour, loin derrière les minibus « Gbaka » (13,84 %) et les taxis collectifs « Wôrô-Wôrô » (13,84 % également).

Les Gbaka, bien qu’informels et peu régulés, assurent à eux seuls plus de 2,3 millions de trajets par jour, avec la plus forte part modale en transports en commun (44,95 %). Un déséquilibre qui illustre la nécessité d’une réforme structurelle du secteur, alors que les projets structurants comme la ligne 1 du métro d’Abidjan (Anyama–Port-Bouët) ou le BRT Est-Ouest (Yopougon–Bingerville) doivent entrer en service d’ici 2026-2027.

En levant l’exclusivité accordée à la SOTRA, l’État veut favoriser l’entrée de nouveaux acteurs, mieux intégrer les différents modes de transport et structurer l’offre autour d’un système multimodal et interopérable. L’objectif : fluidifier les déplacements, améliorer la couverture territoriale, et réduire les externalités négatives liées à l’urbanisation rapide.

Cette réforme s’inscrit également dans une logique d’attractivité économique : elle ouvre des perspectives d’investissement dans un marché urbain de près de 17 millions de déplacements par jour ouvrable, dont plus de 55 % sont motorisés selon l’AMUGA. Pour la SOTRA, le défi sera désormais de se repositionner stratégiquement, en renforçant ses performances dans un environnement plus concurrentiel.

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