En 2024, moins de la moitié des jeunes de 15–24 ans détiennent un compte bancaire. Mais 46% utilisent un portefeuille mobile, qui devient pour eux la véritable porte d’entrée dans la finance.
Le mobile, nouvel espace financier
En Côte d’Ivoire, les jeunes ne vont pas à la banque, ils passent par leur téléphone. Selon le Global Findex 2024, seuls 49% des 15–24 ans possèdent un compte, contre 62% pour les plus de 25 ans. Mais 46% utilisent un portefeuille mobile, une progression de 13 points depuis 2021. Pour eux, le mobile money n’est pas un service financier parmi d’autres : c’est le prolongement naturel du smartphone, au même titre que la messagerie ou la musique en streaming.
Une finance de l’immédiateté
Le mobile money structure déjà leur quotidien : transport, frais de scolarité, abonnements, achats en ligne, paris sportifs. Ces usages traduisent un rapport à la finance centré sur l’instantanéité et la consommation. À l’inverse, l’épargne reste marginale : seuls 24% des jeunes mettent de l’argent de côté, et moins de 7% via une banque. Beaucoup préfèrent des « coffres » mobiles non rémunérés ou des tontines.
Ce décalage reflète un rapport au temps : beaucoup de jeunes privilégient la consommation immédiate, tout en recherchant parfois des solutions ciblées – financer une année d’études, lancer un projet à court terme, sécuriser un revenu. Les outils actuels, qu’ils soient bancaires ou digitaux, ne répondent pas encore à ces aspirations.
La banque du futur devra s’adapter
L’impact est stratégique : pour les jeunes, le mobile money définit déjà les normes de la finance. Les banques, longtemps en position dominante, doivent désormais s’aligner sur cette expérience utilisateur fondée sur la rapidité, la fluidité et l’accessibilité.
L’enjeu est d’inventer une banque du futur, capable de combiner :
• l’instantanéité et l’autonomie offertes par le mobile,
• des produits structurants (micro-épargne rémunérée, crédit étudiant, micro-assurance),
• et une intégration plus forte des pratiques collectives (tontines digitalisées, épargne communautaire).
Les jeunes Ivoiriens vivent déjà dans un univers où le mobile money est la norme. Ils épargnent peu et consomment beaucoup, mais expriment aussi des besoins spécifiques en financement et en sécurisation. Pour survivre, la banque du futur devra s’adapter à cette génération, sous peine d’être reléguée à la marge.
Cet article fait partie du dossier Afriveille :
👉 [Inclusion financière – Global Findex 2024]