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Economie

Microfinance UMOA : à fin juin 2025, l’épargne progresse plus vite que le crédit

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Au premier semestre 2025, la microfinance ouest-africaine poursuit son expansion. Mais derrière la hausse du nombre de clients et des dépôts, le secteur opère un virage discret : la collecte d’épargne progresse nettement plus vite que le crédit, traduisant un changement de posture des institutions.

La microfinance reste un pilier de l’inclusion financière dans l’UMOA. À fin juin 2025, près de 20 millions de clients ont recours aux services des institutions de microfinance, contre moins de 19 millions un an plus tôt. Cette progression s’opère pourtant dans un contexte de repli du nombre d’IMF, passé de 534 à 527 en trois mois.

Ce paradoxe apparent illustre une tendance de fond : le secteur entre dans une phase de rationalisation, où la croissance repose moins sur la multiplication des acteurs que sur l’intensification de l’activité des institutions existantes.

Une microfinance de plus en plus liquide

Cette évolution est particulièrement visible du côté de l’épargne. En trois mois, les IMF ont collecté 81 milliards de FCFA supplémentaires, portant l’encours total des dépôts à 2 665 milliards de FCFA. Sur un an, la hausse dépasse 10 %, un rythme nettement supérieur à celui de la clientèle.

Le dépôt moyen par client progresse, confirmant que les ménages et les groupements confient des montants plus élevés aux IMF. La structure des ressources, largement dominée par les dépôts à vue, confère au secteur une abondance de liquidités, mais aussi une responsabilité accrue en matière de gestion financière.

Le crédit avance à pas mesurés

En comparaison, l’activité de crédit évolue plus lentement. L’encours progresse de 1,2 % sur le trimestre, une hausse contenue qui contraste avec la vigueur de la collecte d’épargne. Le montant moyen des crédits accordés par client recule légèrement, traduisant un resserrement des conditions ou une demande plus prudente.

Ce décalage confirme un glissement progressif du rôle des IMF : de moteurs du microcrédit, elles deviennent des acteurs clés de la collecte d’épargne populaire, jouant un rôle de liquidité au sein du système financier régional.

Un poids encore limité dans le système financier

Malgré cette montée en puissance, la microfinance conserve une place marginale à l’échelle macro-financière. Elle capte un peu plus de 5 % de l’épargne bancaire et distribue environ 7 % des crédits, loin derrière les établissements de crédit classiques.

Des marchés moteurs

La Côte d’Ivoire et le Sénégal concentrent l’essentiel de la dynamique, tant en matière de dépôts que de crédits. Leur évolution conditionne largement celle de l’ensemble du secteur dans l’Union.

Le rapport de la BCEAO met en lumière un secteur à la croisée des chemins : toujours en croissance, mais engagé dans une transformation silencieuse de son modèle, où la prudence et la gestion de la liquidité prennent le pas sur l’expansion rapide du crédit.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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