Lorsqu’on décide d’investir à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), une question revient souvent : faut-il acheter des actions ou souscrire à des obligations ? Si ces deux instruments permettent de faire fructifier son épargne, ils répondent à des logiques très différentes. Rendement, sécurité, revenus… Voici un guide concret pour comprendre les différences à partir d’un cas simple : que se passe-t-il si vous investissez 100 000 FCFA ?
Deux instruments, deux logiques
Investir en actions, c’est devenir propriétaire d’une part du capital d’une entreprise cotée à la BRVM. En tant qu’actionnaire, vous pouvez toucher des dividendes si l’entreprise réalise des bénéfices et, surtout, profiter d’une éventuelle hausse du prix de l’action. Mais vous vous exposez aussi à sa baisse.
À l’inverse, acheter une obligation, c’est prêter de l’argent à un État ou à une entreprise. En échange, vous recevez un intérêt fixe chaque année (appelé “coupon”) et récupérez l’intégralité de votre capital à la fin de la période prévue. C’est un placement plus prévisible, souvent moins risqué, mais avec un potentiel de gain plus limité.
Exemple concret : 100 000 FCFA investis pendant 5 ans
Prenons un particulier qui dispose de 100 000 FCFA à placer. Il a deux choix :
soit il achète des actions cotées à la BRVM avec un rendement espéré de 8 % par an ;
soit il souscrit à une obligation d’État rémunérée à 6,5 % par an, remboursée au bout de 5 ans.
Dans le cas des actions, le capital évolue chaque année en fonction du rendement. L’investisseur ne reçoit pas d’argent en cours d’année, mais son capital peut croître fortement s’il reste investi longtemps.
Dans le cas des obligations, l’investisseur perçoit chaque année 6 500 FCFA d’intérêts (6,5 % de 100 000 FCFA), puis récupère ses 100 000 FCFA à l’échéance, au bout de 5 ans.
Au bout de 5 ans :
l’investissement en actions atteint une valeur estimée de près de 147 000 FCFA, soit un gain de 47 % si le rendement est stable ;
l’investissement en obligations génère 32 500 FCFA d’intérêts, et le capital initial est intégralement remboursé.
Quel profil pour quel produit ?
Les actions sont mieux adaptées à un investisseur prêt à accepter un peu de risque pour viser une meilleure rentabilité à long terme. En revanche, leur valeur peut fluctuer, parfois fortement, en fonction des performances de l’entreprise ou du climat économique.
Les obligations, quant à elles, conviennent davantage à un investisseur qui privilégie la sécurité, les revenus réguliers et une visibilité sur le rendement. Les obligations émises par les États de l’UEMOA sont généralement considérées comme très sûres, même si leur rendement est plafonné.
Un marché des obligations en pleine croissance
La BRVM accueille de plus en plus d’émissions obligataires, notamment des États. Le Trésor Public du Burkina Faso, par exemple, a lancé début 2024 deux nouvelles obligations rémunérées à 6,30 % et 6,55 %. Ce type de produit attire à la fois les institutionnels et les particuliers à la recherche de placements simples et réguliers. À côté, certaines entreprises comme Baobab Sénégal émettent aussi des obligations “vertes”, destinées à financer des projets à impact.
Les deux instruments ont leur utilité : les actions permettent de miser sur la croissance, tandis que les obligations offrent stabilité et visibilité. Un investisseur averti pourra combiner les deux dans son portefeuille, selon ses objectifs et son horizon de placement. Pour débuter en Bourse à la BRVM, comprendre cette différence est un premier pas vers une stratégie d’investissement réussie.
Tableau comparatif : Actions vs Obligations à la BRVM
Critère
Actions
Obligations
Nature de l’investissement
Part de propriété dans une entreprise
Prêt d’argent à un État ou une entreprise
Rémunération
Dividendes éventuels + plus-value (si le cours monte)
Intérêt fixe chaque année (coupon)
Risque
Élevé (valeur peut fluctuer à la hausse comme à la baisse)
Faible à modéré (selon l’émetteur, le taux est garanti)
Horizon conseillé
Long terme (5 ans ou plus)
Court ou moyen terme (1 à 5 ans)
Revenus réguliers
Non garantis
Oui, versés chaque année
Visibilité du rendement
Aucune garantie, dépend du marché
Forte visibilité : taux connu à l’avance
Récupération du capital
À la vente (prix variable)
À l’échéance (capital remboursé intégralement si l’émetteur ne fait pas défaut)
Fiscalité
Taxation sur dividendes et plus-values
Taxation sur intérêts reçus
Profil recommandé
Investisseur dynamique, prêt à accepter des fluctuations
Investisseur prudent, recherchant stabilité et revenus fixes