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Economie

Bénin : 405 milliards FCFA de déficit extérieur pour accélérer la transformation industrielle

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Le déficit de la balance des paiements du Bénin a atteint 405 milliards FCFA en 2023, un record. Loin de traduire une crise, ce déséquilibre reflète les choix du gouvernement de mobiliser des ressources extérieures pour soutenir les chantiers industriels, agricoles et logistiques en cours. Une stratégie offensive, mais non sans risques.

En 2023, le Bénin a fait le choix de s’éloigner de l’équilibre extérieur. La balance des paiements affiche un déficit global de 405,3 milliards FCFA, un renversement notable par rapport à l’excédent enregistré en 2022. Mais derrière cette dégradation apparente se dessine un mouvement stratégique : accélérer les investissements structurants, quitte à déséquilibrer temporairement les comptes extérieurs.

Ce déséquilibre est d’abord le résultat direct des grands chantiers en cours : le développement de la zone économique spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ), les infrastructures portuaires, les équipements industriels, ou encore les projets agricoles à vocation exportatrice. Le rapport de la BCEAO l’explique clairement : la forte hausse des importations de biens d’équipement (+43,6 %) et de services techniques a pesé lourdement sur les comptes. Le déficit des services extérieurs a été multiplié par plus de deux, passant à 654,8 milliards FCFA.

En parallèle, le compte des revenus s’est dégradé à mesure que l’État rembourse ses dettes et rémunère les capitaux étrangers. Résultat : le déficit des transactions courantes atteint 8,2 % du PIB, un niveau élevé, mais cohérent avec un pays qui importe massivement pour bâtir les bases d’une nouvelle économie.

Car le Bénin ne finance pas ces déséquilibres à l’aveugle. Les flux sortants sont compensés en partie par des apports ciblés : les investissements directs étrangers atteignent 260,8 milliards FCFA, soutenus par l’attractivité croissante de la GDIZ. Le compte de capital est renforcé par les dons-projets, et les transferts privés, notamment ceux des migrants, enregistrent une nette progression (+49 %).

Le commerce extérieur donne lui aussi quelques signaux positifs : les exportations progressent de 6 %, avec une forte dynamique sur la noix de cajou (+230 %), les produits pétroliers et le fer. Si la part du coton recule, elle laisse la place à une filière agricole plus diversifiée.

Cette stratégie d’endettement ciblé n’est pas sans fragilité. Le pays reste exposé à des aléas extérieurs : tensions régionales (Niger, Nigeria), hausse des taux internationaux, ralentissement des dons. Sa Position Extérieure Globale s’est alourdie, à plus de 5.247 milliards FCFA. Mais le gouvernement conserve une trajectoire budgétaire maîtrisée, avec un déficit public en baisse et une amélioration de la mobilisation fiscale.

En somme, le déficit extérieur de 2023 est le reflet d’une transition économique pilotée, qui mise sur des chantiers lourds et une montée en gamme industrielle pour sortir de la dépendance au commerce informel. Le pari est clair : dépenser aujourd’hui pour produire plus et mieux demain.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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