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Economie

Togo : une croissance solide mais sous tension, la Banque mondiale appelle à un rééquilibrage

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Togo

Le rapport publié par la Banque mondiale souligne la résilience de l’économie togolaise en 2024, mais alerte sur l’endettement et la dépendance au financement de court terme. L’institution préconise une stratégie pro-investissements et une consolidation mieux ciblée.

Une économie encore dynamique malgré le ralentissement

Après avoir affiché une croissance supérieure à 6 % entre 2021 et 2023, le Togo a vu son activité ralentir à 5,3 % en 2024 et devrait se limiter à 5 % en 2025. La Banque mondiale explique cette décélération par trois facteurs : la fin des politiques budgétaires expansionnistes post-Covid, la baisse de la demande mondiale et les perturbations d’électricité.

Malgré ces vents contraires, le pays reste l’une des économies les plus dynamiques de l’UEMOA. L’inflation, à 2,9 % en 2024, est restée en dessous de la cible régionale (3 %) et le déficit courant contenu à 3,2 % du PIB, signe d’une certaine robustesse des fondamentaux.

La performance de l’économie en 2024 : des moteurs contrastés

  • Services en tête : le secteur a progressé de 6,2 %, porté par la finance, les télécoms, l’hébergement et la logistique, avec un rôle central du port de Lomé, hub régional de transbordement.
  • Agriculture résiliente : la production a crû de 4,1 %, malgré des précipitations irrégulières et une aggravation de l’insécurité alimentaire dans le nord du pays.
  • Industrie pénalisée: la croissance a ralenti à 4,2 %, freinée par le recul minier et des coupures d’électricité récurrentes liées aux difficultés d’approvisionnement depuis le Nigéria et le Ghana.

Ces résultats traduisent la robustesse du modèle togolais, mais aussi ses fragilités structurelles, notamment sur l’énergie et la sécurité alimentaire.

Finances publiques : déficit réduit mais dette en hausse

Le déficit budgétaire s’est réduit à 6,1 % du PIB en 2024 grâce à une meilleure mobilisation des recettes et une baisse des investissements publics. Mais l’autre face du tableau inquiète : la dette publique a progressé à 72,1 % du PIB, avec une dépendance accrue aux emprunts de court terme.

La maturité moyenne des titres est tombée à 1,5 an, contre 3 ans en 2023, accentuant les risques de refinancement. Les taux d’emprunt se sont alourdis : 6,9 % pour les bons du Trésor et 7,8 % pour les obligations. Pour la Banque mondiale, cette situation limite les marges de manœuvre budgétaires et appelle à une gestion plus prudente.

Perspectives : stabilisation et conditions du rebond

La Banque mondiale anticipe une stabilisation de la croissance autour de 5,5 % entre 2026 et 2027, sous réserve d’un apaisement international et d’une poursuite de la consolidation budgétaire. Les relais de croissance identifiés :

  • Investissements privés et IDE, notamment autour de la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA).
  • Consommation intérieure, soutenue par une inflation modérée.
  • Réformes fiscales : élargissement de l’assiette, intégration de l’informel, fiscalité verte. Une taxe carbone pourrait rapporter jusqu’à 1 % du PIB par an d’ici 2035.
  • Gouvernance des investissements publics, avec un potentiel de +14 à +37 % d’efficacité sans hausse des dépenses si les standards africains les plus performants sont atteints.

À plus long terme, atteindre un taux de croissance de 6 % et plus sera crucial pour viser le statut de pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2045 et réduire l’extrême pauvreté sous 10 %.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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