En juin 2025, l’économie de l’UEMOA a connu un ralentissement des prix à l’exportation (-1,5 %) et une inflation négative (-0,2 %), dans un contexte d’activité intérieure dynamique. Si les perspectives de croissance restent robustes, la dépendance aux matières premières expose l’Union à des risques extérieurs.
Le dernier rapport de la BCEAO brosse un tableau contrasté de la conjoncture économique de l’UEMOA à mi-2025. Sur le front extérieur, l’indice des prix des produits de base exportés a reculé de 1,5 % en glissement mensuel, après +4,7 % en mai. Cette baisse s’explique par la chute des cours du café (-15,1 %), du cacao (-6,4 %) et du caoutchouc (-4,4 %), conséquence d’une offre mondiale abondante et d’une amélioration des conditions de production en Afrique de l’Ouest.
Ce repli pénalise les recettes d’exportation des États de l’Union, dont les économies restent majoritairement tournées vers les matières premières. Il peut peser sur les soldes extérieurs et la capacité de financement public. À l’inverse, pour certaines entreprises locales importatrices ou consommatrices d’intrants, la détente des prix alimentaires importés (-12,5 %) offre un répit sur les coûts de production.
Parallèlement, les prix de certaines matières se sont raffermis, comme le pétrole (+10,9 %), le zinc (+27,8 %) ou l’or (+1,8 %), soutenus par des tensions géopolitiques et des perturbations d’offre.
Inflation : retour en territoire négatif
En glissement annuel, l’inflation est passée de 0,6 % en mai à -0,2 % en juin, tirée par la baisse des prix alimentaires et le recul de plusieurs produits importés (sucre : -18,8 %). Cette tendance allège la pression sur le pouvoir d’achat, mais reflète aussi une dépendance accrue aux fluctuations mondiales.
Secteurs intérieurs : dynamisme confirmé
Les indicateurs d’activité témoignent d’une conjoncture interne solide :
- Commerce de détail : +6,1 % en mai (après -3,7 % en avril)
- Services marchands : +4,7 %
- Services financiers : +1,3 %
- BTP : amélioration dans la plupart des pays, sauf Mali, Niger et Togo
La production industrielle a légèrement reculé sur un mois (-0,2 %), mais reste en nette hausse sur un an (+7,9 %), portée par les activités extractives et manufacturières.
Monnaie et crédit : politique accommodante
Pour soutenir l’activité, la BCEAO a abaissé son principal taux directeur de 3,50 % à 3,25 % en juin. Les taux interbancaires ont reculé, facilitant les conditions de financement, tandis que la masse monétaire a progressé de 13,4 % sur un an.
Perspectives : croissance au-dessus de 7 %
Les projections de la BCEAO anticipent une croissance de 7,3 % au deuxième trimestre et de 7,4 % au troisième trimestre 2025, portée par la demande intérieure et le dynamisme de secteurs clés comme l’agriculture vivrière, le commerce, les services et le BTP.
Pour les dirigeants et investisseurs, ce tableau appelle une double lecture : une économie intérieure résiliente et en expansion, mais exposée aux aléas des marchés mondiaux. La capacité des États à diversifier leurs exportations et à renforcer la valeur ajoutée locale restera un enjeu central pour consolider la trajectoire de croissance.
