Alors que la Côte d’Ivoire anticipe une récolte prometteuse grâce à des conditions climatiques favorables, les producteurs de cacao au Ghana expriment leur colère face à un prix bord-champ jugé trop bas. Une situation qui ravive la menace de contrebande transfrontalière et met en lumière les fragilités du premier producteur mondial.
Un prix bord-champ contesté au Ghana
Le 4 août, Accra a fixé le prix d’achat aux producteurs pour la campagne 2025/26 à 4,9 millions FCFA la tonne, soit 306 000 FCFA le sac de 64 kg. Cette hausse de seulement 4 % suscite une fronde des planteurs, qui estiment qu’ils devraient percevoir environ 360 000 FCFA par sac, conformément à l’engagement du gouvernement de leur verser 70 % du prix FOB.
L’écart de près de 54 000 FCFA par sac avec la Côte d’Ivoire rend la contrebande particulièrement attractive. Déjà, près de 160 000 tonnes de fèves ont quitté illégalement le Ghana en 2023/24, selon le COCOBOD. Les producteurs menacent d’aller plus loin : interdire l’accès de leurs plantations aux agents du régulateur, qui assurent habituellement le suivi technique et la formation.
En Côte d’Ivoire, des perspectives favorables
De l’autre côté de la frontière, les planteurs ivoiriens abordent la campagne avec optimisme. Les pluies légères et l’humidité des sols favorisent le développement des cabosses. Dans les régions de Soubré, Divo, Agboville et Abengourou, les producteurs prévoient une récolte abondante à partir d’octobre, malgré des précipitations inférieures à la moyenne saisonnière.
Malgré de bonnes perspectives agricoles, la filière ivoirienne fait face à des difficultés industrielles. Le broyage a reculé de 31,2 % en juillet, tombant à 39 301 tonnes, en raison d’une qualité jugée médiocre et de stocks insuffisants. Les arrivages de fèves dans les ports d’Abidjan et San Pedro ont chuté de 30 % depuis avril. Les industriels misent sur la grande campagne pour reconstituer leurs stocks et revenir à un rythme de transformation d’environ 58 000 tonnes par mois.
Deux trajectoires divergentes
Ce contraste illustre deux réalités : un Ghana fragilisé par une politique de prix contestée et un risque accru de fuite de production, face à une Côte d’Ivoire confiante sur ses récoltes mais confrontée aux aléas de la qualité des fèves et aux contraintes de la transformation locale.
Taux de conversion utilisé :
1 cedi ghanéen (GHS) = 54 FCFA (août 2025)
1 dollar US (USD) = 600 FCFA (arrondi)