Entre 2021 et 2024, la part d’adultes disposant d’un compte est passée de 51% à 58%. Ce gain de 7 points provient exclusivement du mobile money, dont la pénétration a bondi de 40% à 53%. Les banques, elles, stagnent.
Une progression tirée par le digital
En trois ans, la Côte d’Ivoire a connu un bond de l’inclusion financière : 58% des adultes détiennent désormais un compte, contre 51% en 2021. Derrière ce chiffre, une réalité s’impose : la croissance provient uniquement du mobile money. Les comptes bancaires classiques restent figés à 21% de la population, comme en 2021.
Avec 13 points de progression, le mobile money s’impose comme la principale porte d’entrée dans le système financier. L’essor du téléphone portable, couplé à des opérateurs comme Wave, Orange Money et MTN, a transformé les usages, permettant à des millions d’Ivoiriens d’accéder pour la première fois à un compte.
Les banques sur la touche
Cette tendance met en lumière un contraste : alors que l’inclusion progresse, le réseau bancaire reste en retrait.
La stagnation du taux de bancarisation bancaire n’est pas fortuite. Elle s’explique d’abord par la réglementation KYC : ouvrir un compte en banque nécessite de présenter une pièce d’identité en règle et, souvent, un justificatif de revenu. Or, une partie importante de la population ivoirienne ne dispose pas de documents valides ou à jour.
À cela s’ajoute la précarité de l’emploi : une majorité des travailleurs opèrent dans le secteur informel, avec des revenus irréguliers. Pour ces profils, les banques apparaissent éloignées de leurs besoins immédiats, en raison de frais jugés élevés et de procédures complexes.
Le téléphone, nouvel outil d’inclusion
Face à ces barrières, le mobile money a pris le relais. Plus d’un adulte sur deux dispose désormais d’un compte mobile, ce qui place la Côte d’Ivoire parmi les leaders régionaux. Pour beaucoup de ménages, il s’agit du premier accès à un service financier, permettant paiements, dépôts et transferts sans conditions administratives lourdes.
Ce modèle a permis de réduire certaines inégalités, notamment de genre, mais les fractures sociales et territoriales demeurent. Les urbains, les plus éduqués et les ménages stables en profitent davantage que les ruraux et les travailleurs précaires.
Un modèle inclusif mais limité
Si le mobile money a permis une inclusion rapide, les limites du modèle apparaissent :
• Les usages restent centrés sur des services basiques.
• Le crédit institutionnel et l’épargne bancaire demeurent marginalisés.
• Le système bancaire reste inaccessible à une large partie de la population, freinée par le manque de documents d’identité et l’informalité de l’économie.
Le Global Findex 2024 montre que la Côte d’Ivoire vit une révolution silencieuse de l’inclusion financière, portée par le téléphone portable. Mais derrière ce succès, le système bancaire demeure bloqué par des contraintes structurelles – réglementation KYC, faiblesse de l’emploi formel – qui limitent sa capacité à toucher les populations les plus vulnérables.
Cet article fait partie du dossier Afriveille :
👉 [Inclusion financière – Global Findex 2024]