À quelques semaines du scrutin présidentiel, la Côte d’Ivoire compte désormais 8,7 millions d’électeurs inscrits sur la liste électorale définitive. Derrière ce chiffre, se dessine un corps électoral plus urbain, plus âgé et légèrement masculinisé, dominé par les 35-60 ans et fortement concentré dans le Grand Abidjan.
Les 35-60 ans dominent le paysage électoral
La photographie démographique du corps électoral révèle une domination des adultes d’âge actif, âgés de 35 à 60 ans, qui représentent près de six électeurs sur dix.
Les jeunes de 18 à 34 ans ne constituent qu’environ un quart du total, une part en léger recul par rapport à la présidentielle de 2020.
Ce déséquilibre générationnel illustre un double phénomène : la transition démographique du pays et le recul de l’inscription des primo-votants, souvent freinés par la mobilité géographique et la faible attractivité de la vie politique.
Les électeurs de plus de 60 ans comptent pour environ 16 % du total, confirmant le vieillissement progressif de la population électorale.
Abidjan, épicentre du vote ivoirien
Le District Autonome d’Abidjan concentre à lui seul 2,3 millions d’électeurs, soit 26 % du total national.
Les communes les plus peuplées restent Yopougon (556 341 électeurs), Abobo (438 021) et Cocody (279 785).
Le Grand Abidjan s’impose donc comme le véritable centre de gravité électoral du pays. Sa population en forte croissance (+12 % sur cinq ans) et sa diversité sociologique en font un territoire stratégique pour tous les candidats.
Bouaké, Daloa, Korhogo : la montée des capitales régionales
Derrière la capitale économique, la ville de Bouaké se classe deuxième avec 321 000 inscrits, suivie de Daloa (197 000) et Korhogo (274 000).
Ces villes de l’intérieur incarnent un nouvel équilibre du vote, plus diffus, soutenu par la croissance des pôles économiques régionaux et l’amélioration du maillage électoral.
Les régions du Nord et de l’Ouest — Poro, Tonkpi, Haut-Sassandra — concentrent ensemble plus d’un million d’électeurs, tandis que les zones rurales comme le Bafing ou le Bounkani restent peu peuplées mais affichent des progressions notables d’inscription.
La diaspora ivoirienne se renforce, surtout en Europe
À l’étranger, 120 000 Ivoiriens sont désormais inscrits, répartis dans une trentaine de pays.
La France reste le premier pays d’inscription (47 111 électeurs), devant l’Italie (10 649), le Maroc (7 059) et les États-Unis (7 550).
Vers une présidentielle dominée par les grandes villes
L’analyse territoriale montre que près d’un tiers des électeurs ivoiriens vivent dans les grandes agglomérations — Abidjan, Bouaké, Daloa, Gagnoa. Cette urbanisation du vote traduit une métropolisation du pouvoir électoral, où les enjeux économiques, sociaux et environnementaux pourraient peser davantage que les appartenances régionales.
Un électorat mûr, urbain et stratégiquement décisif
À la veille de la présidentielle, la Côte d’Ivoire présente un électorat :
- plus nombreux : +10 % d’inscrits en cinq ans,
- plus urbain : 1 électeur sur 4 vit à Abidjan,
- plus masculin : 52 % d’hommes,
- et plus âgé : 58 % de 35-60 ans.
La campagne 2025 s’annonce donc comme un test politique et démographique majeur, dans un pays où la géographie du vote épouse désormais celle de la croissance économique.
