Dakar envisage de confier à la compagnie publique Petrosen l’opération du champ Yakaar-Teranga, l’une des plus grandes découvertes gazières récentes, aujourd’hui opérée par Kosmos Energy. Objectif : sécuriser l’approvisionnement domestique tout en préservant le potentiel export.
Le Sénégal prépare un tournant stratégique dans sa politique gazière. Le ministre de l’Énergie, Birame Souleye Diop, a annoncé mardi que l’État envisage de nationaliser le projet Yakaar-Teranga, opéré par l’américain Kosmos Energy, afin d’en confier le développement à la compagnie publique Petrosen.
Découvert en 2017, le champ est estimé à 25 trillions de pieds cubes (tcf) de gaz récupérable, un volume supérieur à celui du gisement Leviathan au large d’Israël (22 tcf). Kosmos Energy détient aujourd’hui 90 % du permis — hérité après le retrait de BP en 2023 — tandis que Petrosen en détient 10 %. Le permis actuel arrive à échéance en juillet 2026.
« Nous voulons nationaliser ce projet et donner à Petrosen l’opportunité de le développer pour répondre aux besoins domestiques, sans exclure la possibilité d’exporter », a déclaré le ministre lors d’une conférence à Diamniadio.
Petrosen avait annoncé l’an dernier un calendrier de décision finale d’investissement (FID) pour 2025, mais aucun arbitrage n’a depuis été officialisé. De son côté, Kosmos rappelle travailler avec la société nationale pour « trouver un partenaire approprié et convenir d’un concept de développement commercialement viable ».
Ce repositionnement intervient alors que le pays cherche à renforcer son autonomie énergétique et à maximiser la valeur locale dans un contexte d’envolée de la demande en gaz pour la production électrique.
Kosmos, Petrosen et BP sont également partenaires dans le méga-projet gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie, dont les réserves potentiellement récupérables s’élèvent à 15 tcf et qui a exporté son premier cargo de GNL en avril.