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Banques et microfinance en UEMOA : Une expansion freinée par des vulnérabilités persistantes

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Le secteur bancaire et celui de la microfinance en Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont affiché des performances solides en 2023, selon le Rapport Annuel 2023 de la BCEAO. Cependant, la croissance des fonds et des crédits est contrebalancée par des déficits de trésorerie croissants et une détérioration de la qualité des actifs.

Secteur bancaire : des fonds en hausse, mais un déficit de trésorerie alarmant

En 2023, les 135 banques en activité dans l’UEMOA ont vu leurs fonds propres nets augmenter de 11,2 %, soit 612 milliards de FCFA supplémentaires. La progression des dépôts de la clientèle a toutefois ralenti, avec une augmentation modeste de 2,6 %, tandis que les ressources totales des banques ont crû de 4,5 %, atteignant 53 488,5 milliards de FCFA.

Mais derrière cette croissance apparente se cache une vulnérabilité structurelle. La trésorerie des établissements de crédit reste dans le rouge, avec un déficit qui a atteint -5 782,3 milliards de FCFA, soit une aggravation de plus de 831 milliards par rapport à l’année précédente. Ce déficit chronique pose la question de la gestion des liquidités dans le système bancaire, un risque qui pourrait compromettre la stabilité à long terme si des mesures correctrices ne sont pas mises en œuvre rapidement.

Le rapport de la BCEAO tire également la sonnette d’alarme sur la qualité des actifs des banques. Le taux de créances douteuses est passé de 8,4 % à 8,7 % en un an, un signe inquiétant de la fragilité des portefeuilles de crédits, notamment dans les secteurs des matières premières et de l’immobilier. Le taux net de dégradation du portefeuille a lui aussi augmenté, atteignant 3,4 % à la fin de 2023.

Malgré cela, les banques ont réussi à maintenir un ratio de solvabilité global de 13,6 %, bien au-dessus du seuil réglementaire de 11,5 %. Toutefois, certaines institutions restent sous pression, avec des fonds propres négatifs qui nécessitent une attention particulière de la Commission Bancaire.

Microfinance : Une croissance dynamique, mais un portefeuille toujours fragile

Le secteur de la microfinance a, quant à lui, continué de se développer. Le nombre de bénéficiaires des services financiers fournis par les IMF a atteint 18,1 millions, contre 16,9 millions en 2022. L’encours des crédits a bondi de 18 %, atteignant 2 561,1 milliards de FCFA, une progression remarquable mais qui soulève également des questions quant à la qualité du portefeuille.

Le taux de créances douteuses dans la microfinance, bien qu’en légère amélioration, reste élevé à 6,2 %, largement au-dessus du seuil de 3 % généralement considéré comme acceptable. Ce taux met en évidence les risques auxquels font face les IMF, notamment dans un contexte de forte concurrence avec les banques traditionnelles et les fintechs.

Si la BCEAO se félicite de la résilience et de la croissance des secteurs bancaire et de la microfinance, des défis importants demeurent. Le déficit de trésorerie des banques, couplé à la dégradation de la qualité des portefeuilles, expose le système financier à des risques accrus. Pour les IMF, le défi est double : croître tout en garantissant la qualité de leur portefeuille de crédits. La BCEAO appelle ainsi à une vigilance renforcée pour prévenir les crises futures dans un environnement économique toujours instable.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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