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Finance & Banques

Fintech ivoiriennes : l’heure de la maturité, mais un modèle encore fragile

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Photo de Nataliya Vaitkevich: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/smartphone-maquette-vue-de-haut-acheter-6214458/

Porté par la vague du mobile money et l’essor de jeunes acteurs comme Djamo, Wave ou Push, le paysage financier ivoirien vit une profonde recomposition. Mais derrière la vitalité de l’écosystème, l’étude StatsAfrica met en lumière des fragilités structurelles qui questionnent la rentabilité du modèle.

Un marché en pleine consolidation

La Côte d’Ivoire s’impose aujourd’hui comme l’un des terrains les plus dynamiques d’Afrique francophone pour la finance digitale.
Selon l’étude « Digitalisation des services financiers en Côte d’Ivoire (2025–2030) » publiée par StatsAfrica, plus de 24 millions de comptes mobile money sont désormais actifs dans le pays.
Une performance qui témoigne de l’ancrage du numérique dans les usages quotidiens : transfert, paiement, épargne ou microcrédit.

Cette adoption massive a fait émerger une nouvelle génération d’acteurs – Djamo, Wave, Push – dont les applications 100 % mobiles bousculent les codes de la bancarisation classique. Le compte s’ouvre en ligne, la carte est virtuelle, l’épargne devient programmable.
Résultat : la frontière entre banque, fintech et opérateur télécom s’efface peu à peu.

L’âge de la diversification

L’étude montre que la Côte d’Ivoire est entrée dans une phase de croissance consolidée, comparable à celle qu’ont connue le Kenya ou le Nigeria quelques années plus tôt.
Les usages évoluent rapidement : le jeune urbain veut tout gérer depuis son smartphone, la commerçante informelle cherche un encaissement rapide via QR code, et les PME s’appuient sur des plateformes comme Julaya ou CinetPay pour leurs paiements.

Mais cette montée en gamme s’accompagne d’une concurrence plus rude.
Entre les offres à zéro frais, les cartes gratuites, les crédits instantanés et les coffres d’épargne automatisés, chaque acteur tente d’attirer une clientèle jeune, exigeante et peu fidèle.

Une rentabilité encore incertaine

Derrière le succès d’usage, la viabilité économique des fintechs reste fragile.
Les modèles freemium, très populaires, peinent à générer des marges durables. Beaucoup d’acteurs vivent encore sous perfusion d’investisseurs ou de levées de fonds.

Autre sujet d’inquiétude : la prolifération d’applications de crédit non régulées, parfois téléchargées par centaines de milliers d’utilisateurs. Ces services, hors cadre BCEAO, exposent les consommateurs à des taux dissimulés, voire à des pratiques abusives de recouvrement.

Enfin, l’écosystème souffre d’une fragmentation persistante : les portefeuilles électroniques ne sont pas toujours interopérables, les parcours clients restent complexes, et les services d’assistance encore limités.

Le cap 2030 : confiance et transparence

Pour les banques, les fintechs et les investisseurs, la prochaine étape consistera à passer de la croissance d’usage à la confiance durable.
Les utilisateurs réclament aujourd’hui des services simples, clairs et sûrs : comprendre les frais, contrôler leurs données, dialoguer avec un support réactif.

La plateformisation du secteur – via des partenariats entre banques, opérateurs et fintechs – pourrait accélérer cette évolution.
Déjà, des collaborations comme Djamo x NSIA ou MTN x Mastercard esquissent une intégration plus fluide des services : paiement, épargne, assurance et bientôt investissement. À l’horizon 2030, le succès ne dépendra plus seulement de la technologie, mais de la capacité à bâtir une finance inclusive et crédible, centrée sur les besoins réels des usagers.

Pour aller plus loin

L’ étude complète de StatsAfrica propose une analyse comparative des applications Djamo, Wave, Push, MTN MoMo et Orange Money : tests utilisateurs, données tarifaires, modèles économiques et scénarios prospectifs à 2030.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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