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il y'a 6 moisle
																								
												
												
											La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a publié début mai 2025 les données officielles sur les échanges financiers de la Côte d’Ivoire avec le reste du monde pour l’année 2023. Résultat : le pays a enregistré un déficit extérieur de près de 1 200 milliards de FCFA. Derrière ce chiffre se cache une réalité préoccupante : la richesse produite localement sort trop vite du pays, tandis que les importations de services et les paiements aux entreprises étrangères pèsent lourdement sur les comptes extérieurs.
La balance des paiements, document officiel qui retrace l’ensemble des flux d’argent entre un pays et le reste du monde (exportations, importations, investissements, transferts, etc.), montre en 2023 une dégradation notable pour la Côte d’Ivoire. Le solde global – c’est-à-dire la différence entre les entrées et les sorties nettes – s’est établi à –1 191,9 milliards de FCFA, contre –304,9 milliards en 2022.Ce chiffre signifie que plus d’argent est sorti du pays qu’il n’en est entré, une situation qui fragilise les réserves de change et limite les marges de manœuvre économiques.
Le déficit du compte courant, qui mesure les flux commerciaux (biens, services), les revenus (salaires, dividendes) et les transferts (comme les aides ou envois de fonds), s’est aggravé à –3 944,4 milliards, soit 8,3 % du PIB. En général, un déficit courant élevé indique qu’un pays vit au-dessus de ses moyens extérieurs.
En première lecture, la situation semble s’améliorer sur le plan des biens : la Côte d’Ivoire a exporté plus qu’elle n’a importé, générant un excédent commercial de +1 062,3 milliards de FCFA. Ce solde positif est notamment porté par le cacao, l’anacarde, le pétrole brut ou le caoutchouc.
Mais cette performance ne suffit pas à compenser les pertes liées aux services et aux revenus.
La balance des services, qui comptabilise les dépenses en fret maritime, assurances, services techniques, etc., affiche un déficit record de –3 002,5 milliards FCFA. À elle seule, la facture du transport international (fret) atteint –1 381,4 milliards, preuve que la logistique reste largement dominée par des acteurs étrangers.
Quant aux revenus primaires – c’est-à-dire les gains des investisseurs étrangers (dividendes, intérêts, bénéfices rapatriés) –, le déficit s’établit à –1 851,1 milliards de FCFA. Autrement dit, les profits réalisés en Côte d’Ivoire sont massivement renvoyés vers les pays d’origine des entreprises étrangères, ce qui limite l’accumulation de richesse locale.
Le compte financier, qui mesure les mouvements de capitaux (investissements, emprunts, prêts), reste lui aussi négatif à –2 637,9 milliards, contre –3 024 milliards en 2022. Cela signifie que la Côte d’Ivoire a moins attiré de financements extérieurs en 2023, dans un contexte mondial moins favorable (hausse des taux d’intérêt, prudence des investisseurs).
En parallèle, le compte de capital, qui inclut les dons en capital ou les annulations de dette, reste marginal, avec un solde de +112,6 milliards FCFA.
Face à cette dégradation, la BCEAO appelle à renforcer l’ancrage local de l’économie :
En résumé, la publication de la balance des paiements 2023 confirme une tension croissante sur la position extérieure de la Côte d’Ivoire. Le pays exporte, certes, mais importe beaucoup de services, rémunère largement les capitaux étrangers, et n’attire pas assez d’investissements pérennes. Pour inverser la tendance, il faudra relocaliser une partie des services et de la transformation industrielle, tout en valorisant davantage les productions locales. C’est à cette condition que la richesse créée sur le territoire pourra y rester et contribuer durablement à la croissance nationale.
									
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