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Economie

Côte d’Ivoire : un tissu entrepreneurial jeune, fragile et à structurer

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Près de 7 entreprises formelles sur 10 ont moins de dix ans. Si cette jeunesse témoigne d’un dynamisme entrepreneurial, elle révèle aussi une fragilité économique persistante. Toutefois, l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs plus structurés pourrait redessiner les contours du secteur privé ivoirien.

Selon le Répertoire national des entreprises 2024, près de 7 entreprises formelles sur 10 en Côte d’Ivoire ont moins de dix ans d’existence. Un indicateur qui reflète l’essor des initiatives entrepreneuriales depuis la décennie 2010, porté par la croissance économique, la libéralisation du commerce et l’émergence d’un écosystème numérique.

Entreprises jeunes, mais souvent précaires

Une grande partie des nouvelles entreprises sont créées avec peu de capital, une formalisation minimale, et sans stratégie de croissance claire. Près de 30 % des structures enregistrées sont aujourd’hui inactives ou ont cessé leur activité, signe d’une forte volatilité.

La majorité évolue dans des secteurs accessibles mais peu capitalisés : commerce de détail, restauration, services urbains, artisanat. Les structures sont très majoritairement des TPE, souvent familiales, avec moins de cinq salariés et un chiffre d’affaires inférieur à 30 millions FCFA.

Un entrepreneuriat “par nécessité” toujours dominant

Cette dynamique est largement tirée par un entrepreneuriat de substitution, dans un contexte de sous-emploi massif. Pour de nombreux jeunes diplômés ou populations urbaines, créer son activité est moins un choix stratégique qu’un impératif économique.

Sans dispositif d’accompagnement post-création, ces entreprises fonctionnent en silo, avec une gestion empirique, sans outil de pilotage, ni accès réel au crédit.

Mais une nouvelle génération émerge

Parallèlement, un autre type d’entrepreneuriat prend forme. Portée par les concours de business plan, les formations en gestion, l’essor d’incubateurs (Impact Hub, OrangeCorners, etc.), une nouvelle vague d’entrepreneurs mieux outillés émerge, notamment dans la tech, l’agrobusiness, les services numériques ou l’éducation.

Ces profils, souvent jeunes, connectés à la diaspora ou aux réseaux panafricains, ambitionnent de scaler, lever des fonds et s’intégrer à des chaînes de valeur plus complexes. Ce sont eux qui donnent aujourd’hui un nouveau visage — plus structuré — à l’écosystème entrepreneurial ivoirien.

Le défi : faire passer la majorité du tissu à l’échelle supérieure

L’enjeu économique n’est donc plus la seule création d’entreprises, mais leur consolidation, leur structuration et leur montée en puissance. Pour cela, plusieurs leviers sont identifiés :

  • Un accompagnement post-création ciblé, au-delà de l’incubation initiale ;
  • Des produits financiers adaptés à la phase de croissance (fonds de roulement, crédit court terme, leasing) ;
  • Une fiscalité proportionnée au cycle de vie des entreprises ;
  • Des liens renforcés avec les chaînes de sous-traitance publiques ou privées.

La jeunesse du tissu entrepreneurial ivoirien est à la fois une richesse et un risque. L’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs structurés ouvre une fenêtre d’opportunité à condition d’en faire un modèle majoritaire — pas l’exception.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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