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Economie

Zone CEMAC : une reprise économique modérée en 2024, portée par le Cameroun et le Gabon

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Cameroun
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Après deux années de ralentissement, l’économie de la CEMAC enregistre une croissance de +2,7 % en 2024. Si le Cameroun et le Gabon tirent la reprise grâce à des secteurs non pétroliers dynamiques, d’autres pays restent à la traîne, révélant une relance encore inégale à l’échelle régionale.

Une reprise modeste mais réelle

L’année 2024 marque un tournant prudent pour les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Selon le rapport annuel de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), le produit intérieur brut réel de la sous-région s’est accru de +2,7 %, contre +2,0 % en 2023. Cette amélioration s’explique principalement par deux facteurs :

  • La stabilisation du secteur pétrolier (-0,8 % contre -3,6 % en 2023), après des années de forte contraction.
  • La résilience de l’activité non pétrolière, avec une croissance de +3,4 %, portée par les services, la construction et le commerce.

Mais ce rebond reste bien en deçà des niveaux pré-Covid et des ambitions régionales affichées dans les programmes économiques et financiers (PEF) appuyés par le FMI.

Cameroun et Gabon en tête du peloton

L’analyse pays par pays met en lumière une croissance très inégale. Deux économies se distinguent :

  • Le Cameroun, avec une croissance estimée à +3,5 %, grâce à la bonne tenue des industries agroalimentaires, de l’énergie et du BTP. Le pays profite aussi de ses investissements en infrastructures et d’un cadre relativement stable.
  • Le Gabon, également à +3,5 %, bénéficie d’un regain d’activité dans le bois, le manganèse et les services, malgré un contexte politique marqué par la transition.

Dans ces deux pays, la croissance est mieux répartie entre les secteurs extractifs et non extractifs, signe d’un début de diversification.

Des économies sous contrainte

À l’autre extrémité du spectre, plusieurs États peinent à enclencher une dynamique soutenue :

  • La Guinée équatoriale, dont l’économie reste très dépendante du pétrole, n’affiche qu’un maigre +0,5 % de croissance. Les retards dans la mise en œuvre des réformes et la faiblesse de la demande intérieure freinent la reprise.
  • Le Tchad est confronté à une forte instabilité politique, à une baisse de ses exportations et à une inflation élevée. Sa croissance chute à +1,6 %, après un rebond de +4,1 % en 2023.
  • La République centrafricaine et le Congo connaissent une croissance faible (environ +1,5 %), freinés par l’insuffisance des investissements et les tensions sociopolitiques récurrentes.

Des moteurs de croissance encore vulnérables

La BEAC souligne que la croissance de la CEMAC reste trop corrélée aux cours mondiaux du pétrole, bien qu’une transition vers d’autres moteurs soit amorcée. Le secteur non pétrolier affiche une progression encourageante, mais reste pénalisé par :

  • Une faible diversification économique réelle,
  • Le sous-développement du tissu industriel local,
  • Des infrastructures de transport et d’énergie déficientes.

À cela s’ajoutent des risques politiques persistants dans plusieurs pays, qui grèvent les flux d’investissement privé.

La CEMAC a démontré une certaine résilience en 2024, mais elle reste encore loin d’un cycle de croissance soutenu. Les déséquilibres entre États membres, la dépendance aux hydrocarbures et la lenteur des réformes structurelles constituent des freins majeurs. Pour les décideurs économiques africains, cette réalité impose une lecture fine, des arbitrages sélectifs et une gestion rigoureuse des risques.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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