Dans un pays où la demande est croissante, certains secteurs du quotidien peinent à dépasser le stade artisanal ou local. Soutien scolaire, services domestiques et attiéké disposent d’un potentiel énorme. Mais l’enjeu, pour les entreprises déjà présentes, est de bâtir des modèles capables de changer d’échelle.
Soutien scolaire : des entreprises formelles, mais sans modèle différenciant
Avec 4,8 millions d’élèves inscrits en 2023-2024, le soutien scolaire constitue un marché massif. Des entreprises comme Bamacours, Éducation pour Tous, Cours Sophia ou Mon Prof Chez Moi ont choisi de se structurer légalement, proposant des services organisés de mise en relation.
Leur force : elles s’appuient sur des outils numériques pour faciliter l’accès – sites web pour présenter l’offre, WhatsApp pour les inscriptions, paiement via mobile money et même cours en ligne.
Leur faiblesse : aucune n’a encore bâti de méthodologie pédagogique différenciante ni acquis une présence nationale. Le potentiel de scaling est énorme, mais reste à saisir.
Services aux ménages : quelques initiatives, mais l’informel reste roi
Dans les classes moyennes et aisées, l’emploi de nounous, chauffeurs et aides domestiques est une pratique bien installée. Quelques plateformes numériques tentent de formaliser ce marché à travers la mise en relation et le recrutement certifié.
Cependant, l’informel demeure largement dominant, faute de confiance, de masse critique et de modèles économiques solides. Les ménages privilégient encore le bouche-à-oreille, rendant difficile l’émergence d’acteurs capables de scaler à l’échelle nationale.Le défi ici n’est pas seulement de formaliser, mais de trouver un modèle réplicable et scalable qui combine confiance, transparence et viabilité économique.
L’attiéké : un marché encore exclusivement artisanal
Aliment emblématique de la culture ivoirienne, l’attiéké bénéficie d’une demande solvable croissante, estimée dès 2019 à près de 691 millions FCFA pour plus de 770 tonnes consommées.
Quelques entreprises structurées se sont lancées dans la production et la distribution industrielle d’attiéké, mais elles représentent moins de 5 % du marché. La quasi-totalité des volumes est encore issue de circuits informels : coopératives, unités artisanales et vente directe sur les marchés. Résultat : absence de marque forte, qualité hétérogène et difficultés de standardisation, alors même que l’exportation constitue un potentiel important.Le vrai enjeu n’est pas de créer de nouvelles unités artisanales, mais de bâtir un modèle industriel scalable, capable de standardiser la qualité, de créer une marque forte et d’ouvrir la voie à l’exportation.
De la survie locale au modèle scalable
Ces trois marchés traduisent des niveaux de maturité différents :
- un secteur formalisé mais sans différenciation (soutien scolaire),
- un secteur semi-formalisé mais encore massivement informel (services aux ménages),
- un secteur quasi entièrement informel (attiéké).
Ces trois secteurs ne manquent ni de clients, ni de demande solvable. Leur point commun : l’incapacité des acteurs à scaler. Soutien scolaire, services domestiques et attiéké illustrent les limites des approches locales ou artisanales.
Le futur se jouera autour de ceux qui sauront concevoir des modèles scalables, différenciants et financés pour franchir le seuil critique et devenir des champions nationaux, voire régionaux.