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Le Maroc entame un très prudent déconfinement

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Calfeutré depuis mi-mars, le Maroc a décidé d’opter pour un « allégement progressif » des mesures de confinement tout en maintenant des restrictions sévères dans les grandes villes, suscitant une certaine déception. L’état d’urgence sanitaire, lui, reste de vigueur. Il a été prolongé d’un mois, jusqu’au 10 juillet, dans un pays désormais divisé en deux zones distinctes compte tenu des « écarts sanitaires entre régions », selon un communiqué officiel publié dans la nuit de mardi à mercredi.

Les activités économiques avaient déjà repris de fait au lendemain de l’Aïd-el-Fitr fin mai, tout ça de manière non-officielle et très timide dans ce pays de 35 millions d’habitants relativement épargné par le nouveau coronavirus, avec 8 455 contaminations et 210 décès officiellement recensés.

Avec la prolongation de l’état d’urgence, le port du masque reste obligatoire, les rassemblements interdits, les mosquées, salles de cinéma et théâtres fermés, les restaurants et cafés limités aux commandes à emporter. Bref, un prolongement du « confinement » qui ne dit pas son nom…

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Un royaume divisé en deux zones

La « zone 1 », qui concerne les régions les moins peuplées, les petites et moyennes villes, va retrouver une vie presque normale : déconfinement, circulation sans permis spécial, réouverture des espaces publics en plein air…

La « zone 2 » qui reste confinée jusqu’à nouvel ordre englobe les grandes villes : la capitale Rabat, le cœur économique du pays Casablanca, la principale destination touristique Marrakech ou le grand port de Tanger.

À la grande déception de tous ceux qui vont devoir rester chez eux pour une période indéfinie, les déplacements restent soumis à autorisation exceptionnelle, les enfants ne pourront pas sortir, la pratique du sport en extérieur restera interdite, il sera toujours impossible d’aller chez le coiffeur.

Ces derniers jours, des médias marocains ont multiplié les appels à lever le confinement, pointant une situation « intenable » pour une large frange de la population, surtout dans les quartiers à forte densité.

« Le confinement est difficile, mais nous a permis de sauver des vies », s’est justifié le Premier ministre Saad-Eddine El Othmani mercredi devant le Parlement. « Les indicateurs sanitaires s’améliorent. Le taux de létalité est de 2,5 % et 92 % des cas sont légers ou asymptomatiques. Mais la situation diffère d’une région à une autre, de temps à autre un foyer de contamination apparaît », a ajouté le Premier ministre face à quelques députés remontés. La « zone 2 » regroupe 39 % de la population du pays mais abrite 87 % des cas de contamination officiellement enregistrés, a-t-il dit, ajoutant que le pire a été évité, seul 1 % des capacités du Royaume en services d’urgences ayant été utilisé.

« Avec la poursuite du respect des mesures de précaution et de distanciation, nous avons entamé le déconfinement en tenant compte de plusieurs paramètres à la fois chronologiques, géographiques, démographiques et épidémiologiques, le but étant de limiter l’apparition de nouvelles infections et de nouveaux foyers et d’éviter la diffusion communautaire du virus dans les régions avec des cas sporadiques et/ou de petits foyers », a-t-il ajouté.

Lire aussi Le Maroc face au coronavirus : « Vous avez dit “confinés” ? »

Le Maroc en fait-il trop ?

Depuis le début de la pandémie, le royaume chérifien a opté pour une stratégie prudente qui vise d’abord à sauver les vies et la santé des citoyens avant toutes considérations économiques. Aujourd’hui, cette approche est critiquée, d’autant plus que, de l’avis de beaucoup, la communication n’est pas toujours au rendez-vous. « Les Marocains veulent la levée du confinement (…), des millions d’entre eux se sont appauvris, sans perspective », a rétorqué Abdellatif Ouahbi, à la tête du Parti Authenticité et Modernité (PAM, opposition).

Sur les réseaux sociaux, le ton général est à la déception, le hashtag #zone1 a pris la tête des tendances sur Twitter au Maroc.

La population en nombre dans la #zone2 est nettement plus importante que celle de la #zone1. Ça revient à dire qu’approximativement 80% de la population du #maroc est toujours en confinement.

— Youness Hamzaoui (@YounessHamzaoui) June 10, 2020

« La confiance nécessaire est aujourd’hui troublée par le manque de visibilité », a estimé dans une tribune parue dans le quotidien L’Économiste le chercheur Ali Bouabid, en plaidant pour « un minimum de transparence ».

À Rabat, des barrages policiers restent déployés mais les rues sont plus animées et la circulation a repris de façon presque normale. Les violations de l’état d’urgence sanitaire sont passibles de trois mois de prison et/ou une amende maximale de 1 300 dirhams (environ 124 euros). Quelque 91 000 personnes ont été interpellées pour violation de l’état d’urgence sanitaire et environ 4 000 d’entre elles placées en détention, selon le dernier bilan officiel publié fin mai. L’ONG Amnesty International a dénoncé mardi des sanctions « disproportionnées », allant jusqu’à trois mois de prison, en citant « au moins cinq militants des droits humains et journalistes citoyens » poursuivis pour avoir « critiqué de façon pacifique la gestion de la crise du Covid-19 » par le royaume.

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Sur la très attendue réouverture des mosquées, c’est par une fatwa que le Conseil des Oulémas, la haute autorité ayant le monopole des consultations religieuses, confirme qu’elles resteront bien fermées malgré les mesures d’assouplissement. « Une fatwa du Conseil supérieur des Oulémas concernant la fermeture des mosquées avait prévu que la nécessité est levée par la levée de sa justification, ce qui signifie que la fermeture temporaire des mosquées sera levée dès le retour de la situation épidémiologique à la normale dans notre pays », dit le texte.

Incertitudes aux frontières, tourisme en berne

Aucune annonce n’a été faite en revanche sur la réouverture des frontières, fermées depuis mi-mars, alors que les professionnels du tourisme souhaitaient plus de visibilité et que plus de 30 000 voyageurs marocains, bloqués aux quatre coins du monde, attendent de rentrer chez eux. Les rapatriements ont commencé au compte-gouttes pour quelque 1 100 voyageurs placés en quarantaine à l’arrivée.

Secteur clé de l’économie marocaine, le tourisme a vu ses recettes plonger. Les opérateurs misent sur le tourisme national pour se relancer, mais pour l’heure, les déplacements entre villes sont réservés au travail avec ordre de mission de l’employeur. Les deux premiers mois du confinement ont fait perdre au royaume six points de PIB. Et selon une récente enquête officielle, un Marocain sur deux vit avec « anxiété » le confinement obligatoire. Rabat a déployé toute une panoplie d’aides pour les entreprises paralysées, les salariés en arrêt de travail temporaire et les travailleurs de l’informel. Autre stratégie qui va être renforcée durant ce temps : l’accélération des tests. De 2 000 par jour, le nombre de tests est passé à 17 500 quotidiennement. Une campagne « massive » de dépistage pour les salariés du privé vient d’être lancée par le patronat marocain et un laboratoire de dépistage mobile a été mis en place mardi 9 juin dans la région de Casablanca, capitale économique et zone la plus touchée.

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Source : African Media Agency (AMA)

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Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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