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Mali : l’ancien président autocrate Moussa Traoré est décédé

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« Moussa Traoré est décédé ce jour à 12 h 05 chez lui à Bamako. Nous sommes vraiment en deuil », a appris à l’Agence France-Presse son neveu Mohamed Traoré. Les causes du décès n’ont pas été dévoilées, alors que l’ancien général qui, condamné à mort à deux reprises après sa chute, avait dit être, en tant que militaire, « préparé à l’idée de ne pas mourir dans son lit ».

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Moussa Traoré : de putschiste à dictateur

Moussa Traoré, né le 25 septembre 1936 à Sébétou dans la région de Kayes n’était qu’un lieutenant-instructeur à l’école militaire de Kati (à 20 km au nord de Bamako) lorsqu’il prend la tête d’un groupe d’officiers prêts à renverser le président Modibo Keïta, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1960. Ce premier coup d’État a lieu le 19 novembre 1968. Un an plus tard, Moussa Traoré devient président de la République. Lui-même sera déposé le 26 mars 1991 par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré.

Entre-temps, ce vaste pays sahélien grand comme deux fois et demie la France, aura été dirigé d’une main de fer, sous le régime du parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). Les premières contestations contre son régime avaient commencé à la fin des années 1970 avant de prendre de l’ampleur dans les années 1980.

Admis en 1960 à l’école d’officiers de Fréjus en France, Moussa Traoré était sorti major de sa promotion, il fut nommé lieutenant dans l’armée malienne en 1964, puis instructeur de l’école interarmes de Kati jusqu’en 1968, année du coup d’État. Il sera promu colonel en 1971, général sept ans plus tard.

Les années Traoré à la tête du Mali sont marquées par les arrestations d’opposants, la répression des manifestations, les décès suspects comme celui de l’ancien président Modibo Keïta en détention, ainsi que les accusations de détournement, de l’aide internationale par exemple, qui rattraperont cet homme qui coulait finalement une retraite paisible.

L’arrestation de l’autocrate, fils d’un soldat de l’armée française dans laquelle il s’est engagé lui-même en 1954 – a fait suite à des mois d’émeutes et de grèves générales qui avaient débouché sur trois jours de soulèvement populaire sanglant les 22, 23 et 24 mars. De règlements de comptes aux complots réels ou imaginaires, en passant par l’élimination d’adversaires potentiels, Moussa Traoré, qui a servi en Guinée, en France, en Mauritanie et au Sénégal – s’était imposé dans toutes les sphères de la vie malienne. En effet, l’ex-autocrate, souvent vêtu d’un boubou blanc ou bleu ciel est aussi connu pour son savoir-faire politique et diplomatique.

Il a eu à présider le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (1980-83), puis l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1988-1989. Avant de jouer un rôle important dans les crises sénégalo-mauritanienne et tchado-libyenne, ainsi qu’entre les parties belligérantes au Liberia. En janvier 1990, il avait même obtenu un accord de paix avec la rébellion armée des Touaregs du Mali, auxquels il a consenti d’importantes concessions.

Mais en mars 1991, les militaires qu’il avait envoyés contre les manifestants pros démocratiques se retournent contre lui et le renversent au cours d’une sanglante insurrection, qui fait officiellement plus de deux cents morts et un millier de blessés.

L’autocrate est alors emprisonné. Le 12 février 1993, il est condamné à mort pour « crimes de sang ». Le président Alpha Oumar Konaré, « hostile à la peine de mort » et désireux que « Moussa Traoré et ses amis vivent le plus longtemps possible pour qu’ils voient la démocratie fleurir au Mali », lui évite d’être exécuté.

Sa peine est commuée en détention à perpétuité en décembre 1997. Mais il doit encore répondre de « crimes économiques », pour lesquels il est à nouveau condamné à la peine capitale en 1999 en même temps que son épouse Mariam.

Il est gracié en 2002. « Quand on a embrassé une carrière militaire, on s’est préparé à l’idée de ne pas mourir dans son lit », avait-il dit en entendant son premier verdict en 1993.

Après son départ, l’armée a très rapidement rendu le pouvoir aux civils. Alpha Oumar Konaré est élu président en 1992, puis en 1997. Ce coup d’État sans heurts avait fait du Mali, un « modèle » de transition démocratique pour de nombreux pays.

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Une voix qui a compté

Son décès survient dix jours avant son 84e anniversaire et sept jours avant celui de la proclamation de l’indépendance du Mali. Il survient aussi alors que son pays, plongé depuis des années dans une profonde crise sécuritaire, économique et politique, vient de connaître son quatrième coup d’État depuis l’indépendance et cherche à grand-peine les suites à donner au putsch du 18 août.

Ces dernières années, même déchu de tous ses droits d’ancien chef d’État, Moussa Traoré a tout de même bénéficié de la clémence de ses successeurs, devenant une sorte de vieux sage que les politiciens allaient consulter. Les responsables de la junte étaient allés le voir récemment. « Ces jeunes colonels sont des enfants (…) je leur dis les erreurs commises et ce qu’il faut éviter et j’espère, j’espère qu’ils ont compris », avait-il dit. Interrogé sur l’état du pays, souvent décrit comme près de sombrer, il avait répondu : « Je n’ai jamais désespéré de mon pays, (il y) trop de gâchis, mais il y a encore parmi nous des patriotes ».

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Source : African Media Agency (AMA)

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Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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