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Algérie : l’Assemblée sanctuarise dans la Mémoire les « crimes du colonialisme »

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Dans l’atmosphère d’ébullition qui continue d’accompagner la lame de fond soulevée par les conditions de la mort de George Floyd, cet Afro-Américain tué à Minneapolis fin mai par un policier blanc, le souvenir d’actes liés au racisme et au colonialisme s’est réveillé un peut partout à travers le monde et notamment dans les ex-colonies ou possessions à divers statuts des empires européens de la fin du XIXe et début XXe siècle. Ainsi, l’Algérie a décidé d’instaurer une journée de la Mémoire, le 8 mai, en souvenir des massacres de 1945 commis par les forces françaises dans le Constantinois. Cela s’est fait à travers une loi adoptée mardi dernier à l’unanimité lors d’une séance plénière de l’Assemblée nationale populaire (APN), la chambre basse du Parlement. Un moment que les députés ont qualifié d’« historique ». Lors de la présentation du projet de loi, le ministre des Moudjahidine (Anciens combattants), Tayeb Zitouni, avait fustigé « le colonisateur français qui n’a pas hésité à réprimer les manifestants à travers une féroce campagne ayant fait des dizaines de milliers de victimes ».

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Ce qui est commémoré

Le 8 mai 1945, alors que la France célébrait la victoire des démocraties sur le nazisme, des manifestations indépendantistes ont eu lieu à Sétif, Guelma et Kherrata, trois villes de l’est algérien où des nationalistes défilèrent, drapeaux algériens à la main. Elles furent brutalement réprimées par les forces coloniales françaises faisant des milliers de morts. Les Algériens parlent de 45 000 victimes. Les Français de 1 500 à 20 000 morts, dont 103 Européens. « Le 8 mai est une date symbole. Le symbole de la rupture, de la cassure définitive entre la France coloniale et l’Algérie colonisée », a souligné Fouad Soufi, archiviste et historien, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d’Oran (nord-ouest), cité par l’AFP. Par ailleurs, un député du Front de libération nationale (FLN), majoritaire au Parlement et parti de l’ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, a estimé que « la France doit reconnaître ses crimes en Algérie durant la période coloniale et demander pardon ».

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Criminalisation des actes colonialistes

Allant plus loin, la commission juridique de l’APN propose d’inclure un article sur « la criminalisation des actes perpétrés par le colonialisme français inique le 8 mai 1945 contre le peuple algérien ». Cette recommandation sera soumise au ministère des Anciens combattants.

Le président Abdelmadjid Tebboune avait décidé d’instaurer cette « journée nationale de la Mémoire » à la veille du 75e anniversaire des massacres de Sétif. Il avait qualifié les massacres de 1945 de « crimes commis contre l’humanité et contre les valeurs civilisationnelles, car fondés sur la purification ethnique ». Le président algérien avait également dénoncé « les manœuvres des courants et lobbys racistes de l’autre rive de la Méditerranée ».

En février 2017, alors qu’il était candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, en visite à Alger, avait qualifié la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité », de « vraie barbarie », ce qui lui avait valu de vives critiques de responsables politiques de droite en France. Assurant que l’Algérie « n’a rien contre le peuple français, parmi lequel elle compte des amis ayant participé à sa guerre de libération », le ministre des Moudjahidine a estimé que « les relations commerciales, industrielles et culturelles entre les deux pays ne sauraient peser devant la mémoire nationale ».

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Un dossier sensible

Comme l’a encore prouvé la récente brouille diplomatique entre Alger et Paris, à propos de la diffusion d’un documentaire français sur la jeunesse antirégime, les relations bilatérales restent volatiles. Même si Paris s’efforce de ne pas mettre d’huile sur le feu alors que le discours anti-français demeure un puissant facteur de légitimation aux yeux des autorités algériennes. La France s’est ainsi gardée de toute critique après une série d’arrestations de militants du « hirak », le mouvement populaire qui réclame le départ de toute la classe dirigeante, accusée d’avoir trahi les idéaux de la révolution algérienne. Ces crispations récurrentes se nourrissent de la perception à Alger que la France ne fait pas assez pour solder son passé colonial.

Les autorités algériennes veulent remettre sur la table le dossier des « disparus » pendant la guerre d’indépendance (1954-1962) plus de 2 200 selon Alger et celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien qui « ont fait et continuent à faire des victimes ». Reste que « l’écriture de l’histoire de la révolution algérienne relève jusqu’à nos jours du domaine exclusif de l’État algérien », rappelle Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l’Afrique du Nord, dans son livreLe Choc des Décolonisations (2015).

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Source : African Media Agency (AMA)

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Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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