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Barrage sur le Nil : 5 questions pour comprendre

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L’incertitude entoure l’avenir du grand barrage de la Renaissance. Le nouveau cycle de discussions qui s’ouvre va-t-il aboutir après des décennies de négociations entre le Soudan, l’Éthiopie et l’Égypte ? La situation est très tendue autour de ce projet pharaonique et controversé sur le Nil. Une nouvelle réunion sous l’égide de l’Union africaine (UA) aura lieu en principe le 3 août, a annoncé, lundi, à la presse le ministre soudanais de l’Irrigation et des Ressources hydrauliques. C’est la présidence sud-africaine qui doit réunir les trois pays et se concentrer cette fois sur les « questions en suspens ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y en a beaucoup. Le dernier cycle, accueilli à Pretoria par Cyril Ramaphosa à la tête de l’UA, a peu abouti, tout comme les cycles précédents. Il va sans dire qu’il s’agit de négociations de la dernière chance.

Appelé à devenir la plus grande installation hydroélectrique d’Afrique, le grand barrage de la Renaissance (Gerd), construit par l’Éthiopie sur le Nil Bleu qui rejoint au Soudan le Nil Blanc pour former le Nil, est une source de fortes tensions avec l’Égypte depuis 2011. L’Éthiopie estime que le Gerd est essentiel pour son développement économique, alors que l’Égypte – dont l’irrigation et l’eau potable dépendent à 90 % du Nil – le considère comme une menace vitale. L’Égypte et le Soudan, situés en aval, veulent un accord global sur le barrage – et notamment la manière dont il est géré –, mais l’Éthiopie y est réticente. L’Égypte invoque également « un droit historique » sur le fleuve garanti par des traités conclus en 1929 et 1959. Mais l’Éthiopie s’appuie sur un traité signé en 2010 et boycotté par l’Égypte et le Soudan autorisant des projets d’irrigation et de barrages sur le fleuve.

La question est devenue cruciale depuis que l’Éthiopie a annoncé à la mi-juillet avoir atteint le niveau de remplissage prévu pour la première année du réservoir, un colosse de béton de 145 mètres de haut. De quoi alimenter la tension déjà forte entre Le Caire et Addis-Abeba.

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Pourquoi le barrage est-il si controversé ?

Le barrage est situé dans l’ouest de l’Éthiopie sur le Nil bleu, qui converge avec le Nil blanc dans la capitale soudanaise Khartoum pour former le Nil et poursuivre son cours à travers l’Égypte vers la Méditerranée.

Le Soudan et l’Égypte s’inquiètent des conséquences du Gerd sur le débit du fleuve, notamment en cas de sécheresse.

L’Égypte invoque également « un droit historique » sur le fleuve garanti par des traités conclus en 1929 et 1959. Mais l’Éthiopie s’appuie sur un traité signé en 2010 et boycotté par l’Égypte et le Soudan autorisant des projets d’irrigation et de barrages sur le fleuve.

Un peu plus de la moitié des quelque 110 millions d’Éthiopiens n’ont pas accès à l’électricité, et le Gerd, qui doit devenir le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique avec une capacité de production de 5 150 mégawatts, devrait grandement remédier à cette situation.

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L’Éthiopie a-t-elle commencé à remplir le Gerd ?

Les tensions régionales sur le barrage se sont envenimées ces derniers mois sur la question du remplissage du réservoir, d’une capacité de 74 milliards de mètres cubes d’eau.

L’Égypte et le Soudan réclament la conclusion d’un accord global sur la gestion du barrage avant que l’Éthiopie ne procède au remplissage.

Mais l’Éthiopie estime que le début des opérations de remplissage est une étape clé de la construction du barrage et Addis-Abeba a reconnu la semaine dernière que l’eau s’accumulait dans le réservoir.

Plusieurs responsables éthiopiens ont attribué cette accumulation à des causes naturelles : gonflé par les fortes précipitations de la saison des pluies en cours, le fleuve a vu son débit excéder la capacité des vannes du barrage à laisser passer l’eau en aval, provoquant le début du remplissage.

Ce sont, en l’état, au moins 4,9 milliards de mètres cubes, soit le niveau prévu pour la première année, qui se sont accumulés dans le réservoir et qui devraient permettre de tester les deux premières turbines du barrage. L’Éthiopie espère commencer à y produire de l’électricité début 2021 au plus tard.

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Le remplissage, comment ça marche ?

Le début du remplissage du réservoir est-il lié aux fortes précipitations ou les Éthiopiens ont-ils accéléré le processus en fermant les vannes du barrage ? La question n’est pas tranchée.

Pour Kevin Wheeler, un ingénieur de l’université d’Oxford qui a étudié le Gerd, « l’Éthiopie n’a pas eu besoin de faire quoi que ce soit pour que le barrage commence à retenir de l’eau », au vu, notamment, « des abondantes précipitations cette année » et de « l’élévation actuelle de la structure ».

À mesure que le barrage gagne en hauteur, son déversoir (ou évacuateur de crue) est également positionné plus en hauteur, ce qui implique que l’édifice retient plus d’eau.

L’Éthiopie entend remplir le réservoir en cinq ans, tout en se disant prête à envisager d’étendre cette période à sept ans.

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Quid des négociations ?

La question du début des opérations de remplissage ne doit pas faire oublier les autres points de contentieux, soulignent les observateurs.

Les questions centrales de la résolution des différends et du fonctionnement du barrage en période de sécheresse n’ont toujours pas fait l’objet d’un accord, malgré de nombreuses réunions entre les parties prenantes.

L’Union africaine a récemment pris la tête des pourparlers, et lors de leur dernier sommet par visioconférence mardi, les trois pays ont simplement accepté de poursuivre les discussions.

Pour Mostafa Kamel el-Sayed, professeur de sciences politiques à l’université du Caire, les récents développements constituent « une débâcle pour la diplomatie égyptienne ».

« Il est très surprenant de voir que le gouvernement égyptien a accepté de reprendre les négociations » alors que l’Éthiopie n’a montré « aucun signe d’assouplissement de sa position », a ajouté le professeur.

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Que signifie le barrage pour l’Éthiopie ?

C’est une source d’orgueil national en Éthiopie depuis des années.

Les travaux ont débuté en 2011 sous l’égide du Premier ministre de l’époque Meles Zenawi, qui en avait fait un instrument d’éradication de la pauvreté.

Les fonctionnaires avaient alors donné un mois de salaire et le gouvernement a ensuite émis des obligations pour contribuer au financement de ce projet de plus de 4 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros), presque entièrement payé par l’Éthiopie.

Près d’une décennie plus tard, le barrage est l’un des symboles des aspirations de l’Éthiopie au développement et un des rares facteurs d’unité nationale dans un pays traversé par des fractures politiques et ethniques marquées.

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Source : African Media Agency (AMA)

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Expert Etude Sectorielle
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