Face à la domination des acteurs étrangers dans son secteur minier, le Burkina Faso renforce la place de son expertise nationale. Deux décrets viennent d’être adoptés pour favoriser l’emploi local et la sous-traitance au bénéfice des entreprises burkinabè.
Le gouvernement burkinabè a décidé de durcir les règles du jeu pour mieux intégrer les acteurs nationaux dans l’industrie minière. Lors du Conseil des ministres du 6 février, deux décrets ont été adoptés afin d’encadrer la sous-traitance et de renforcer la participation des travailleurs locaux dans un secteur qui reste dominé par des multinationales.
Le premier texte impose des conditions plus strictes aux entreprises minières en matière de sous-traitance et de fourniture de services. L’objectif : garantir qu’une part plus conséquente des contrats revienne aux entreprises burkinabè, réduisant ainsi la dépendance du pays aux prestataires étrangers.
Le second décret met l’accent sur la valorisation des compétences locales. Il prévoit notamment la restriction de certains postes clés aux nationaux et l’obligation, pour les sociétés minières, de contribuer à la formation et au transfert de technologies.
Ces mesures interviennent alors que le secteur minier continue d’afficher une croissance robuste. En 2023, la production d’or a atteint 57,338 tonnes, générant plus de 529 milliards de francs CFA (840 millions de dollars) pour le budget de l’État. L’or a ainsi consolidé son statut de première ressource d’exportation, surpassant largement le coton.
Toutefois, ces réformes se heurteront à des défis structurels : le manque de compétences techniques locales adaptées aux exigences du secteur, la capacité des entreprises burkinabè à absorber une part plus grande du marché, et la résistance potentielle des opérateurs étrangers. La réussite de cette politique dépendra donc autant de la mise en place de dispositifs d’accompagnement que de la volonté des acteurs économiques à s’y conformer.