Face à la domination des multinationales, le gouvernement ivoirien prend des mesures pour renforcer les capacités des petits exportateurs de cacao. L’objectif est de doubler leurs volumes d’achat annuels grâce à une augmentation significative des subventions.
En décidant de tripler les subventions accordées aux petits exportateurs de cacao, le gouvernement ivoirien montre sa volonté de rééquilibrer les forces en présence dans un secteur clé de son économie. Passant de 3 à 10 milliards de francs CFA par an, cette augmentation substantielle des aides publiques est censée permettre à ces acteurs locaux de doubler leurs volumes d’achat annuels, atteignant ainsi 500 000 tonnes métriques dès la prochaine saison qui débutera en octobre.
Cette décision intervient alors que les petits exportateurs ivoiriens peinent à rivaliser avec les multinationales, qui captent près de 80 % des achats et des exportations de cacao du pays. Avec une production moyenne de 2,2 millions de tonnes par an, la Côte d’Ivoire reste le premier producteur mondial, mais sa filière reste largement dominée par des groupes étrangers, financièrement plus solides et mieux structurés.
L’initiative du gouvernement vise aussi à rassurer les banques locales, souvent réticentes à financer ces petits exportateurs en raison de leur faible capacité financière. « Ce soutien accru devrait inciter les banques à prêter davantage, renforçant ainsi la compétitivité de nos exportateurs sur un marché global de plus en plus exigeant », explique un haut responsable du ministère de l’Agriculture à Reuters.
Cette intervention arrive également à un moment critique, alors que l’Union européenne s’apprête à imposer des régulations strictes sur l’importation de produits liés à la déforestation, une réglementation qui pourrait accroître la pression sur les exportateurs ivoiriens.
Pourtant, malgré cet effort budgétaire sans précédent, Yves Brahima Kone, directeur général du Conseil Café-Cacao, souligne que des actions supplémentaires seront nécessaires pour que les entreprises ivoiriennes puissent véritablement tenir tête aux multinationales. Si cette stratégie marque un tournant, elle ne sera qu’une première étape dans la reconquête de parts de marché pour les acteurs locaux du cacao.