En 2023, la Côte d’Ivoire a généré plus de 105 milliards FCFA de dépenses touristiques dans les pays de l’UEMOA. Alimentés en partie par sa forte population non ivoirienne, ces flux témoignent d’une mobilité régionale dense mais encore mal exploitée. Le Togo s’impose comme la première destination.
En 2023, selon les estimations de la BCEAO, les flux touristiques entre pays de l’UEMOA ont atteint 306 milliards FCFA, un niveau quasi inchangé par rapport à 2022. Mais derrière cette apparente stagnation, des lignes bougent.
La Côte d’Ivoire s’impose à nouveau comme le principal pays de départ, avec 105,8 milliards FCFA dépensés dans la région. Les principales destinations des voyageurs ivoiriens sont le Burkina Faso (38,7 milliards), le Bénin (36,7 milliards) et le Togo (17,7 milliards). Ces flux s’expliquent à la fois par les échanges économiques, les liens familiaux et une amélioration progressive des infrastructures de transport. En effet, selon le recensement national de 2021, la Côte d’Ivoire compte plus de 4,5 millions d’étrangers, soit près d’un habitant sur cinq.
Du côté des pays récepteurs, le Togo tire son épingle du jeu, enregistrant 49,9 milliards FCFA de recettes, contre 36,9 milliards en 2022. Il devance désormais le Sénégal, dont les recettes reculent légèrement à 47,1 milliards. Une progression discrète mais révélatrice d’un repositionnement régional en cours.
Malgré ces signaux, le tourisme intra-UEMOA reste peu structuré. L’absence de politique commune, la faiblesse des liaisons inter-États et l’inexistence d’un cadre incitatif freinent son essor. Pourtant, la demande est là. Le cas ivoirien le montre : lorsque les conditions humaines et logistiques sont réunies, les flux suivent.
Le défi n’est donc pas seulement économique. Il est institutionnel. Faire du tourisme régional un levier d’intégration durable suppose de reconnaître les réalités sociales à l’œuvre, et de leur offrir les outils d’un développement à la hauteur de leur potentiel.
