L’ Accord de Partenariat Stratégique (APS), officialisé entre la Côte d’Ivoire et le Ghana ce vendredi 11 octobre 2024, ouvre la voie à une coopération renforcée dans plusieurs secteurs économiques clés. Malgré une augmentation significative des échanges en 2022, les chiffres de 2023 montrent des signes de ralentissement, révélant des déséquilibres persistants dans certaines industries. Comment les deux pays peuvent-ils mieux exploiter leur potentiel commercial ?
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, et son homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo, ont co-présidé le premier sommet de l’Accord de Partenariat Stratégique (APS) entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, avec pour ambition de raffermir leurs relations dans des domaines cruciaux comme la sécurité, le cacao, l’environnement et les politiques économiques. Toutefois, au niveau commercial, malgré une coopération accrue, les échanges bilatéraux restent en deçà des attentes.
Les données commerciales entre 2021 et 2023, converties ici en FCFA, montrent que malgré des volumes relativement élevés, des déséquilibres persistent dans certains secteurs. En 2021, la balance commerciale était positive à 59,7 milliards FCFA, avant d’atteindre un sommet de 316,1 milliards FCFA en 2022. Toutefois, l’année 2023 a vu une chute importante à 47,6 milliards FCFA, laissant entrevoir une volatilité structurelle dans les échanges.
Le secteur des combustibles minéraux et huiles minérales est l’un des moteurs de la balance commerciale positive de la Côte d’Ivoire. Les exportations dans ce secteur ont grimpé à 44,2 milliards FCFA en 2023, presque le double par rapport à 2021. Les huiles essentielles et les produits de parfumerie, quant à eux, ont maintenu une balance stable autour de 41,5 milliards à 43,4 milliards FCFA, tandis que le cacao a montré une croissance remarquable, atteignant 9,1 milliards FCFA en 2023, contre seulement 30,3 millions FCFA en 2021.
En revanche, certains secteurs témoignent de la dépendance de la Côte d’Ivoire envers le Ghana. Les produits céramiques, par exemple, accusent un déficit croissant, passant de -29,5 milliards FCFA à -54,3 milliards FCFA en trois ans. D’autres secteurs comme les ouvrages divers ou les animaux vivants subissent également un déséquilibre commercial, avec des déficits respectifs de -24,3 milliards FCFA et -4,2 milliards FCFA en 2023.
Pour les deux pays, le cacao reste un enjeu stratégique. La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent ensemble plus de 60 % de la production mondiale, ont pour ambition commune d’augmenter la transformation locale à 80 % d’ici 2030. Cette initiative, si elle est réalisée, pourrait permettre de mieux valoriser cette ressource clé, tout en améliorant les revenus des producteurs locaux et en renforçant leur influence sur le marché international.
Les défis à relever pour consolider les relations commerciales entre les deux pays sont nombreux. Il s’agit notamment de réduire les déséquilibres commerciaux dans les secteurs à forte dépendance, tout en continuant à promouvoir l’intégration régionale. La coopération dans le cadre de l’APS est une opportunité pour créer des réformes structurelles et attirer des investissements dans des secteurs stratégiques, tels que les infrastructures, les mines et l’agro-industrie.
Le sommet de 2024 a clairement montré que les ambitions des deux pays sont alignées, mais pour que celles-ci se traduisent par des résultats concrets, il faudra accélérer les réformes et créer un environnement économique plus attractif, notamment en matière de convergence monétaire et de politiques industrielles.
Note de conversion :
1 USD ≈ 620 FCFA