En janvier 2024, le gouvernement ivoirien lançait un vaste projet de construction de résidences universitaires pour pallier le manque criant de logements pour les étudiants. Dix mois plus tard, la situation est marquée par une vague d’expulsions forcées d’étudiants occupant illégalement des cités universitaires. En dépit d’un budget ambitieux, la crise persiste.
Avec 4 500 nouveaux lits universitaires promis d’ici 2025, l’État ivoirien tente de rattraper son retard en matière de logement étudiant. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Adama Diawara, a annoncé en janvier 2024 le lancement des travaux dans trois universités majeures du pays, une avancée majeure dans le renforcement des œuvres universitaires.
Mais alors que ces projets sont lancés, la situation actuelle des cités universitaires met en lumière les tensions sociales qui entourent la gestion de ces infrastructures. Le 5 octobre 2024, le ministère de l’Enseignement supérieur a ordonné l’évacuation des étudiants occupant illégalement les chambres des résidences universitaires. Cette mesure, prise après des arrestations au sein de la FESCI, a exacerbé la crise estudiantine, mettant en lumière le fossé entre les projets gouvernementaux à long terme et les besoins immédiats des étudiants.
Un marché saturé
Le déficit de logements pour étudiants en Côte d’Ivoire est un problème persistant. À l’université Félix Houphouët-Boigny, le plus grand établissement du pays, l’offre en matière de logements étudiants reste insuffisante par rapport à la demande, malgré les récents investissements. Les cités universitaires, comme celle de Mermoz, sont surpeuplées, forçant de nombreux étudiants à occuper des chambres de manière illégale.Aujourd’hui, le ministère se retrouve face à un dilemme : comment loger tous les étudiants dans un contexte de forte croissance des effectifs universitaires ?
Les étudiants évacués, pour la plupart sans autre alternative, font face à un marché privé de l’immobilier où les loyers sont souvent prohibitifs. La situation actuelle reflète un manque de planification globale pour accompagner la forte croissance démographique dans le secteur universitaire. Le gouvernement, par la voix de son ministre, a cependant assuré que des mesures sont en cours pour redistribuer les logements de manière plus équitable une fois les travaux terminés. « Ces nouveaux investissements devraient soulager les tensions et offrir des conditions de vie plus décentes aux étudiants », a déclaré Adama Diawara lors du lancement des travaux en janvier.
Une gestion budgétaire sous pression
Le budget 2024 prévoit également une enveloppe de 42,3 milliards FCFA pour l’accroissement des infrastructures universitaires et 39 milliards FCFA pour la gestion des bourses et secours financiers, indispensables pour soutenir les étudiants issus de familles modestes.
Les expulsions actuelles révèlent également un problème de gestion des ressources humaines et des fonds dans les œuvres universitaires. Le coût élevé de la vie à Abidjan pousse certains étudiants vers des logements illégaux, et le marché privé reste difficilement accessible pour ceux issus de milieux modestes.
Le lancement des travaux en janvier 2024 marque une avancée significative dans la résolution du problème de l’hébergement étudiant en Côte d’Ivoire. Cependant, les tensions actuelles autour des expulsions montrent que les défis sont loin d’être entièrement résolus. Pour éviter une nouvelle crise, la gestion des œuvres universitaires devra être plus transparente et inclusive.