Avec plus d’un million de tonnes de riz importées chaque année et des ambitions de souveraineté alimentaire affichées, le ministère de l’Agriculture peine à faire décoller la production rizicole locale. Le rapport 2023 de la Cour des comptes dévoile des lacunes dans la gestion des fonds et l’exécution des objectifs, mettant en lumière un défi majeur pour l’agriculture ivoirienne.
Un Programme Ambitieux, mais des Résultats Décevants
La riziculture est depuis longtemps identifiée comme un levier stratégique pour réduire la dépendance de la Côte d’Ivoire aux importations alimentaires. En 2023, selon le rapport de la Cour des comptes, le ministère de l’Agriculture a alloué des ressources significatives pour la promotion de la riziculture, mais les résultats peinent à suivre.
Avec un taux de réalisation de 70%, le programme dédié à la promotion de la riziculture est resté en deçà des objectifs fixés. Le ministère avait prévu de renforcer les superficies rizicoles exploitées et de soutenir les petits agriculteurs grâce à des mécanismes d’appui technique et financier. Cependant, les fonds alloués n’ont pas été optimisés, et les initiatives ont manqué d’impact sur le terrain.
Une Consommation Budgétaire Sous-Optimale
Le rapport indique que plusieurs lignes budgétaires, cruciales pour le développement rizicole, n’ont pas été exécutées correctement. Par exemple :
- 1,6 milliard FCFA destinés à des laboratoires agricoles sont restés inutilisés, freinant le contrôle qualité et l’innovation dans le secteur (page 60)
- Les crédits destinés à l’inspection générale des activités rizicoles, qui auraient pu permettre une supervision plus efficace, n’ont pas été dépensés (page 61)
Ces dysfonctionnements budgétaires illustrent une incapacité à traduire les ressources disponibles en résultats concrets, aggravant la dépendance ivoirienne aux importations de riz, qui restent estimées à plus d’un million de tonnes par an.
Un Contexte Économique et Social Critique
Le déficit de la production locale impacte directement la balance commerciale et la sécurité alimentaire du pays. Alors que la consommation de riz augmente de 6% par an en Côte d’Ivoire, la production nationale ne parvient pas à combler cet écart.
En 2023, le pays a importé une large part de son riz, aggravant la facture d’importation. « Si des mesures correctives ne sont pas rapidement prises, l’autonomie rizicole pourrait rester un objectif hors d’atteinte », alerte la Cour des comptes dans son rapport.
Recommandations pour la Riziculture
Pour inverser la tendance, la Cour recommande une meilleure gestion des crédits alloués et une coordination accrue avec les acteurs locaux. Elle insiste également sur la nécessité de :
- Moderniser les infrastructures agricoles
- Renforcer le soutien direct aux petits exploitants
- Garantir la transparence et le suivi rigoureux des fonds affectés au programme rizicole
