La suppression de la Taxe de Soutien au Développement de l’Activité de Raffinage (TSDAR) à partir du 1er juillet 2025 marque un tournant budgétaire. Une part importante des ressources issues de cette taxe sur les carburants sera réaffectée au financement du secteur électrique, une stratégie qui soulève des questions d’équité et de cohérence économique.
La Taxe de Soutien au Développement de l’Activité de Raffinage (TSDAR), introduite en 2018 pour assainir les finances de la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR), vit ses derniers jours. Selon le gouvernement, les montants collectés auront permis, d’ici fin juin 2025, de solder la dette accumulée par l’entreprise et de rétablir son équilibre financier.
Sa suppression, actée par ordonnance, ne signifie pas pour autant une disparition des prélèvements sur les carburants. En réalité, environ deux tiers des montants perçus jusque-là seront conservés, mais sous une nouvelle composante intégrée à la Taxe Spécifique Unique (TSU). Leur nouvelle destination : le secteur électrique.
Ce redéploiement vise à mobiliser chaque année 50 milliards de FCFA, afin de financer des projets d’accès universel à l’électricité comme le programme « Électricité Pour Tous ». Un transfert budgétaire présenté comme stratégique, dans un contexte où la filière électrique fait face à des tensions structurelles : vétusté des infrastructures, déséquilibre des coûts, retards d’investissement.
Mais la réforme interroge : est-il pertinent de financer l’électricité via une taxe sur les carburants ? Sur le plan budgétaire, c’est un choix pragmatique qui évite de créer un nouvel impôt. Toutefois, ce redéploiement brouille le signal économique généralement associé à ce type de taxe, censée dissuader la consommation de carburants fossiles. Socialement, la mesure ne sera acceptable que si les ressources ainsi mobilisées profitent effectivement aux ménages les plus vulnérables.
En somme, cette réforme fiscale constitue un arbitrage budgétaire habile, mais elle appelle à plus de lisibilité et de transparence quant à ses effets économiques et sociaux. À long terme, elle ne pourra faire l’économie d’une réflexion plus large sur la fiscalité énergétique et la transition vers un mix plus durable.