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Côte d’Ivoire : Les entreprises à participation publique ivoirienne face à des déficits préoccupants

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Bien que le chiffre d’affaires global des entreprises publiques en Côte d’Ivoire ait connu une hausse en 2022, plusieurs d’entre elles affrontent des crises financières majeures qui menacent leur stabilité et leur avenir. La récente destitution du directeur général d’une entreprise pour mauvaise gestion met en lumière la nécessité de réformes profondes.

Le panorama économique des entreprises publiques de Côte d’Ivoire présente une dualité frappante en 2022. Globalement, le chiffre d’affaires a augmenté pour atteindre 7 498 milliards FCFA, marqué par des hausses impressionnantes dans des secteurs tels que les hydrocarbures (+75%) et les mines (+21%). Cependant, cette performance globale masque des vulnérabilités significatives dans plusieurs sous-secteurs clés.

Le secteur de l’agriculture et de l’agro-industrie, par exemple, a légèrement régressé avec une baisse de 0,4% de son chiffre d’affaires, signe de défis structurels et conjoncturels. Plus alarmant encore, les secteurs du bâtiment et des infrastructures ainsi que des médias ont enregistré des reculs de 7% et 7,4% respectivement, reflétant des difficultés plus profondes. Ces secteurs, essentiels pour l’économie nationale, semblent être les plus affectés par une combinaison de mauvaise gestion et de conditions de marché défavorables.

Les dix entreprises publiques présentant les plus grands déficits cumulent une perte de 58,54 milliards FCFA en 2022. Parmi elles, cinq se distinguent par l’ampleur de leurs pertes, totalisant 44,8 milliards FCFA.

  1. HGM (Hire Gold Mine) :
    En 2022, HGM a extrait 10,17 millions de tonnes de minerai, soit une baisse de 25% par rapport à 2021, mais avec une teneur en or améliorée. Cette performance a permis une hausse de la production d’or de 31%, atteignant 71 883 onces, et une augmentation du chiffre d’affaires de 34% à 78,49 milliards FCFA. Cependant, les charges d’exploitation ont explosé de 81%, principalement en raison des amortissements, entraînant un résultat d’exploitation déficitaire de 10,82 milliards FCFA et un résultat net négatif de 12,98 milliards FCFA, contre un bénéfice de 6,61 milliards FCFA l’année précédente.
  2. BPCI :
    La BPCI a vu ses pertes passer de 9 071 millions FCFA en 2021 à 12 279 millions FCFA en 2022. Ces pertes reflètent des défis majeurs dans la gestion financière et stratégique des institutions publiques. La BPCI a été cédé en 2023 à AGF Holding.
  3. ROXGOLD SANGO :
    En 2022, l’entreprise s’est concentrée sur la construction de sa mine, sans générer de chiffre d’affaires commercial. Les produits d’exploitation, limités aux transferts de charges, ont atteint 13,12 milliards FCFA, tandis que les charges d’exploitation ont augmenté de 585% à 16,32 milliards FCFA, entraînant un déficit d’exploitation de 3,19 milliards FCFA. Le résultat net affiche un déficit de 8,05 milliards FCFA, contre 1,05 milliard en 2021, en raison de l’augmentation des intérêts et des taxes. La société prévoit de démarrer la production au premier semestre 2023.
  4. PCI (Portefeuille de Côte d’Ivoire) : Le PCI, opérateur de services publics, a vu son déficit augmenter de 4 704 millions FCFA en 2021 à 6 358 millions FCFA en 2022.
  5. BHCI (Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire) : Malgré des efforts de stabilisation, la BHCI reste profondément déficitaire avec une perte de 5 125 millions FCFA en 2022, bien qu’en amélioration par rapport aux 13 530 millions FCFA de 2021.
  6. ANAH (ex-SICOGI): Confrontée à un déficit de 4,51 milliards FCFA, reflétant des défis dans la gestion de projets de construction et des retards significatifs.
  7. PMCI (Projet Minier de Côte d’Ivoire) a affiché une perte de 4,12 milliards FCFA, liée à une baisse des investissements et à des défis opérationnels continus.
  8. SM Lafigué a vu son déficit se creuser à 3,83 milliards FCFA, en grande partie à cause de coûts opérationnels élevés et d’un manque d’efficacité dans les opérations minières.
  9. SITARAIL a enregistré des pertes de 2,76 milliards FCFA en 2022, exacerbées par des inefficacités logistiques et une faible demande de transport de marchandises.
  10. SOTRA (Société de Transport Abidjanais): Avec une perte de 2,59 milliards FCFA, résultant de défis dans la gestion des coûts et une concurrence accrue dans le secteur des transports publics.

Les déficits massifs des entreprises publiques ivoiriennes représentent une menace sérieuse pour la stabilité économique du pays. La destitution de dirigeants pour mauvaise gestion montre que des réformes profondes sont nécessaires.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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