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Podcasts business en Afrique francophone : l’émergence discrète d’un outil d’influence économique

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Photo de cottonbro studio: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/mains-smartphone-jouer-son-6700050/

Longtemps sous-exploité, le podcasting en Afrique francophone connaît un virage stratégique. Porté par des entrepreneurs, investisseurs et experts du continent, ce format devient un levier de transmission de compétences, de veille sectorielle et de mobilisation des diasporas. Décryptage d’un phénomène en pleine ascension.

En 2020, ils étaient encore marginaux. En 2025, ils posent les bases d’un nouvel écosystème. Les podcasts business francophones africains ne se contentent plus d’exister — ils influencent, connectent, enseignent.

Mais si l’audio porte les messages, c’est souvent l’image qui déclenche l’adhésion. La plupart des podcasts business à succès sont diffusés sur YouTube, sous format vidéo ou en version enregistrée. C’est le cas de « Entrepreneur State of Africa » (Kahi Lumumba & Moulaye Tabouré), « Investir au Pays » (Philippe Simo) ou encore « Astuces du Pays » (Gnépa-Joël Anani), qui capitalisent sur la force du storytelling visuel pour élargir leur audience, séduire les sponsors et crédibiliser leur positionnement.

Ce format hybride – entre émission économique, masterclass et témoignage – permet de toucher un public jeune, mobile, en quête de repères. Les chiffres exacts sont encore peu accessibles, mais certains épisodes dépassent aisément les 50 000 vues. Loin du modèle audio-only occidental, le podcast francophone africain s’affirme surtout comme un média vidéo léger, agile, consommable sur les plateformes sociales.

Ce n’est plus seulement l’affaire de passionnés ou de créateurs indépendants. Des entreprises africaines commencent à lancer leurs propres podcasts pour valoriser leur culture interne, leur vision, ou leurs solutions. On a ainsi vu émerger en 2024 et 2025 des formats portés par des fintechs, des cabinets RH ou encore des accélérateurs. La Banque Atlantique, par exemple, a expérimenté des séries internes sur l’innovation, pendant que des groupes comme NSIA ou CinetPay s’intéressent à l’audio comme canal RH ou client.

Ces podcasts « corporate », encore en phase de test, illustrent une volonté : passer de la publicité au contenu. Ils permettent aussi de contourner le format rigide des médias classiques pour adopter un ton plus incarné, plus narratif, et souvent plus stratégique.

Le paradoxe est frappant. Alors que le podcast s’impose comme un outil de narration et d’autorité, peu de médias africains francophones l’ont réellement intégré à leur offre. Quelques exceptions notables existent : RFI Afrique (avec « L’Afrique qui gagne », « Entreprendre en Afrique »), ou encore Jeune Afrique, qui a lancé ponctuellement des formats en 2021-2022. Mais ces initiatives restent marginales, souvent cantonnées à des saisons uniques.

Ce retard médiatique pose question : manque d’investissement, de stratégie digitale, ou absence de modèles économiques clairs ? Quoi qu’il en soit, les médias traditionnels laissent le champ libre à une nouvelle génération d’influenceurs économiques, qui construisent leur audience en dehors des circuits classiques.

L’argument économique est pourtant limpide : un podcast coûte peu, nécessite peu d’infrastructure, mais génère de l’attention, du lien et de l’autorité. Dans un continent où les infrastructures de formation sont parfois inaccessibles, l’audio – surtout s’il est visuel – devient un vecteur de savoir scalable.

L’Afrique francophone pourrait bien faire du podcasting – vidéo inclus – un outil d’éducation économique, de mobilisation sociale et de soft power régional. À condition que ses institutions culturelles et médiatiques suivent le rythme… et montent enfin le son.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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