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African Media Agency (AMA)

« Le développement et la croissance des entreprises appartenant aux femmes sur le continent est une priorité pour la Banque africaine de développement », Marieme Esther Dassanou, coordinatrice du programme « Discrimination positive en matière de financement pour les femmes d’Afrique » à la Banque africaine de développement

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Marieme Esther Dassanou est la coordinatrice du programme « Discrimination positive en matière de financement pour les femmes d’Afrique » (Affirmative Finance Action for Women in Africa, AFAWA en anglais) , une initiative phare de la Banque africaine de développement dont l’objectif est de combler le déficit de financement de 42 milliards de dollars américains qui pèse sur les femmes entrepreneures d’Afrique.

Mme Dassanou a dirigé auparavant les programmes  en faveur de l’inclusion des femmes dans les secteurs de l’assurance et des finances de la Société financière internationale (IFC).

Dans cette interview, elle décrit les progrès accomplis par l’initiative
AFAWA et dresse les perspectives du programme.

ABIDJAN, Côte d’Ivoire, le 29 Juillet 2020,-/African Media Agency (AMA)/- Vous êtes récemment arrivée à la Banque africaine de développement en tant que coordinatrice d’AFAWA. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce programme ?

AFAWA est une
initiative panafricaine lancée en mai 2016 par la Banque africaine de
développement lors de son Assemblée annuelle tenue à Lusaka, en Zambie, pour
promouvoir un financement inclusif axé sur les femmes d’Afrique afin de les
aider à libérer leur potentiel en matière d’entrepreneuriat. Avec AFAWA, la
Banque cherche à combler un déficit de financement de 42 milliards de dollars
qui pèse sur les entreprises dirigées par des femmes (WEB en anglais) en
Afrique. La Banque déploie des outils de financement plus adaptés à leurs
besoins en crédits afin qu’elles puissent développer leurs entreprises.

Ces outils financiers sont associés à une assistance technique aux institutions financières pour leur permettre de mieux répondre aux besoins des WEB. AFAWA fournit en outre un renforcement des capacités des femmes entrepreneures pour les aider à améliorer leur rentabilité et leur « bancabilité ». AFAWA dispose également d’une composante « environnement des affaires » pour veiller à ce que les réglementations facilitent le renforcement des capacités des institutions financières et que ces dernières puissent prêter aux femmes. A travers AFAWA, la Banque compte débloquer jusqu’à 5 milliards de dollars de financement au cours des six prochaines années en faveur des femmes entrepreneurs. 

Pourquoi est-il
important pour la Banque d’avoir un tel instrument ou dispositif en place ?

Le développement et
la croissance des entreprises appartenant aux femmes sur le continent est une
priorité pour la Banque africaine de développement. Les femmes entrepreneures
du continent créent des entreprises plus rapidement que partout ailleurs dans
le monde et, dans la plupart des pays, elles représentent au moins 30 %
des entreprises officiellement enregistrées. En prenant en compte l’économie informelle,
on pourrait facilement affirmer que ce sont les femmes qui ont la plus grande
représentativité dans le secteur des PME. Par conséquent, avoir pour objectif
de développer notre continent sans elles n’aurait économiquement aucun sens.
Elles sont les moteurs essentiels et importants d’une croissance économique
durable et d’une prospérité générale et inclusive.

Il est important d’aider
ces entreprises à se développer avec des outils financiers et commerciaux adéquats.
AFAWA, grâce à son programme « Garantie pour la croissance » (Guarantee for
Growth), soutenu par le G7, les Pays-Bas, la Suède et le Rwanda, constitue une
bonne base de départ. Mis en place conjointement avec le Fonds africain de
garantie (AGF), ce programme réduit les garanties exigées aux femmes lorsqu’elles
font un prêt. L’AGF est un organisme financier panafricain qui apporte aux
institutions financières des systèmes de garantie et divers produits spécifiquement
destinés à soutenir les petites et moyennes entreprises d’Afrique. Ensemble,
nous travaillerons avec les institutions financières pour les aider à mieux
connaître les femmes entrepreneures et les différents risques auxquels elles
sont confrontées. Ceux-ci doivent être pris en compte dans le développement de
produits et services financiers pour les femmes.

La Banque optimise
aussi davantage ses lignes de crédit, ses lignes de financement des activités
commerciales et ses investissements dans des fonds de capital-actions pour
accroître encore plus l’accès au crédit pour les WEB d’une certaine taille. Le
partenariat signé avec l’Initiative de financement en faveur des femmes
entrepreneures (We-Fi) permet à la Banque d’accroître sa couverture financière
pour les femmes entrepreneures grâce à ces outils classiques, à accroître les
opportunités commerciales pour les femmes entrepreneures et à développer l’industrie
du textile, de la mode et de la création.

À ce jour, quels
sont les engagements reçus ?

Jusqu’à présent, le
programme a reçu des engagements de la part des membres du G7, dont la France,
le Royaume-Uni, le Canada, l’Italie et l’Allemagne, ainsi que d’autres pays
tels que les Pays-Bas, la Suède et le Rwanda. AFAWA a également reçu sa
première tranche de financement de We-Fi, dont une partie ira au renforcement
des capacités des entreprises appartenant à des femmes pour faire face à la
crise du Covid-19.

Nous invitons d’autres
gouvernements, en particulier nos pays membres régionaux, à s’associer à nous
pour nous aider à combler le déficit de financement des entreprises dirigées
par des femmes en Afrique.

Sur le plan de la
mise en œuvre, qu’est-ce qui a été réalisé ?

Nous avons fait d’importants
progrès depuis le sommet du G7 de Biarritz (France), l’année dernière. Le 31
mars 2020, le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement
a donné son approbation aux deux dispositifs qui nous permettront de réduire
les risques pour les entreprises dirigées par des femmes et de renforcer leur
capacité à accéder aux crédits avec des garanties requises moins importantes.
Nous avons pris un léger retard à cause de la crise du Covid-19 mais nous
prévoyons que le programme « Garantie pour la croissance » sera opérationnel
avant la fin 2020.

Entre-temps, nous
optimisons les lignes de crédit, les financements d’activités commerciales et
les fonds de participation de la Banque pour permettre aux femmes d’accéder à
des prêts et de développer leurs activités. La Banque veille également à ce que
la composante PME de son Mécanisme de réponse rapide contre le Covid-19 (CRF)
comporte un volet spécifiquement consacré aux femmes entrepreneures. Elle étudie
également les possibilités d’utilisation des fonds de participation pour
renforcer les capacités des entreprises dirigées par des femmes à s’impliquer
davantage dans les interventions menées contre le Covid-19, afin de leur
permettre d’accroître leurs activités et leur production.

 Qui peut emprunter ?

Il ne s’agit pas seulement d’emprunter. Le déficit d’accès au financement est en partie dû à l’incapacité des entreprises détenues et dirigées par des femmes à accéder au crédit, mais aussi à leur manque d’aptitude à présenter des projets d’entreprise financièrement viables, ainsi qu’ à un environnement qui n’est pas toujours favorable à un meilleur accès aux services financiers pour les femmes. L’approche AFAWA prend en compte tous ces éléments. Ainsi, selon leurs besoins, les femmes entrepreneures pourront bénéficier d’AFAWA à différents niveaux, notamment en ce qui concerne l’accès au financement pour celles ayant des projets viables et bancables, mais également pour l’accès à la formation et au renforcement des capacités pour celles qui ne peuvent pas encore prétendre à un prêt, mais pourraient améliorer leur compétences en matière de gestion financière, de tenue des comptes, de marketing et de tout autre domaine leur permettant d’améliorer leur ″bancabilité″.

Distribué par African Media Agency (AMA) pour La Banque Africaine de Développement.

Source : African Media Agency (AMA)

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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