Avec une hausse de 46,5 % de ses échanges de marchandises en janvier 2025, la Côte d’Ivoire signe un excédent commercial historique, tiré par l’agriculture, l’or et l’industrie manufacturière. Si l’Europe reste le principal client, les États-Unis montent en puissance. Mais la menace de nouveaux droits de douane américains pourrait venir perturber cette dynamique.
En janvier, la Côte d’Ivoire a vu la valeur de ses échanges extérieurs atteindre 2 674,1 milliards de francs CFA, contre 1 825,9 milliards un an plus tôt, soit une envolée de +46,5 %. Une performance exceptionnelle portée avant tout par les exportations, qui culminent à 1 684,8 milliards de FCFA, en progression de +69,8 %, bien au-delà des importations (+18,7 %, à 989,4 milliards).Résultat : un excédent commercial record de 695,4 milliards de FCFA, multiplié par plus de quatre par rapport à janvier 2024.
Le cacao reste le pilier absolu de l’économie exportatrice, avec 659,1 milliards de FCFA générés en janvier (+100,4 %). L’or confirme également son statut de valeur refuge avec 291,0 milliards (+139,5 %), représentant à lui seul 17,3 % des exportations totales. Le signal fort de ce début d’année provient toutefois de l’industrie manufacturière : en janvier 2024 encore déficitaire, elle dégage désormais un solde excédentaire de 48,1 milliards de FCFA.
Avec 63,3 % des exportations totales, l’Europe confirme sa domination, tirée par des clients historiques comme la Suisse (15,9 %), les Pays-Bas (13,1 %) et la Belgique (6,4 %). Mais c’est vers les États-Unis que les regards se tournent : avec 101,6 milliards de FCFA d’exportations (+62,5 %), ils deviennent le quatrième client du pays, devant l’Allemagne ou la France.
Cette montée en puissance pourrait toutefois être freinée. En avril, l’administration Trump a évoqué une nouvelle série de droits de douane ciblant 51 pays africains. Si la Côte d’Ivoire et ses exportations agricoles (notamment le cacao) ou minières (or) devaient être concernées, cela alourdirait considérablement le coût d’accès au marché américain, réduisant la compétitivité des produits ivoiriens. Une incertitude qui pousse les autorités et les opérateurs à envisager de nouveaux marchés ou à accélérer la transformation locale.
Les importations sont dominées par le pétrole brut (183,5 Mds FCFA, +60,6 %) et le riz asiatique (82,3 Mds, +46,5 %). Ces deux postes, qui totalisent plus de 26 % des importations, illustrent la vulnérabilité structurelle du pays vis-à-vis de produits stratégiques. Le Nigeria devient d’ailleurs le premier fournisseur (16 %) devant la Chine (15,3 %), porté par ses livraisons de brut.
Sur le plan régional, les échanges avec l’UEMOA marquent le pas : les exportations vers cet espace reculent de 6,2 %, malgré le poids toujours significatif du Mali et du Burkina Faso. Ce tassement soulève des questions sur la résilience du commerce intracommunautaire dans un contexte sous-régional troublé.
Autre moteur silencieux de la performance commerciale : les prix. L’indice des prix à l’exportation bondit de +56,8 points entre décembre et janvier, confirmant un contexte international porteur, en particulier pour les matières premières agricoles et minières.