La junte militaire malienne a officiellement dissous l’ensemble des partis politiques, entérinant une recommandation d’une conférence nationale tenue en avril. Cette mesure, validée par le colonel Assimi Goïta, intervient dans un climat de tensions croissantes, alors que des voix s’élèvent pour dénoncer une dérive autoritaire et réclamer un retour au processus démocratique.
Le régime militaire malien vient de consolider son emprise sur le pays. Dans un communiqué diffusé mardi soir à la télévision nationale, le gouvernement de transition dirigé par le colonel Assimi Goïta a annoncé la dissolution de tous les partis politiques, consacrant une rupture nette avec le système multipartite instauré depuis les années 1990.
La décision, bien que redoutée, officialise les conclusions d’une « concertation nationale » organisée en avril, largement perçue comme téléguidée par la junte. Les délégués y avaient recommandé le maintien de Goïta à la tête de l’État pour cinq ans et la fin du pluralisme jugé source d’instabilité. Une orientation qui suscite une vive inquiétude chez les partenaires internationaux, alors que Bamako a déjà rompu avec la France, l’ONU et la CEDEAO.
Sur le terrain, la contestation monte. Les manifestations du début mai à Bamako ont mis en lumière un rejet croissant de ce virage autoritaire. Face à une mobilisation citoyenne encore limitée mais symboliquement forte, les autorités ont interdit les rassemblements et gelé les activités politiques, bloquant une nouvelle protestation prévue le 9 mai.
Dans ce contexte, les disparitions signalées de trois responsables politiques ces derniers jours alimentent les craintes de répression ciblée. Alors que la junte avait initialement promis des élections en février 2022, le Mali semble désormais s’engager dans un modèle de gouvernance militaire à long terme, en rupture avec les aspirations démocratiques exprimées par une partie de la population.