L’ancien chef de la transition militaire entame son mandat présidentiel avec la promesse de tourner la page d’un modèle économique fondé sur la rente pétrolière et gangrené par la corruption. Un défi colossal dans un pays aux institutions fragiles.
La transition militaire a trouvé son aboutissement dans les urnes : avec 90,35 % des voix, Brice Oligui Nguema passe du statut de chef de la junte à celui de président élu. Il a désormais sept ans pour réorienter l’économie d’un pays historiquement dépendant des revenus pétroliers, mais en quête de réformes profondes.
Depuis le coup d’État d’août 2023, le président Nguema a axé son discours sur la nécessité de diversification économique, une priorité dans un pays où les hydrocarbures représentent encore plus de 40 % du PIB et près de 80 % des exportations. L’enjeu est double : créer des filières productives locales – notamment dans l’agriculture, la foresterie et les mines – et réduire une vulnérabilité budgétaire exacerbée par la volatilité des cours du brut.
Autre pilier de son programme : la lutte contre la corruption. Dès les premiers jours après le putsch, Nguema s’était attaqué publiquement à des responsables d’agences publiques, leur imposant un ultimatum pour restituer les fonds détournés. Plusieurs dirigeants économiques ont depuis été arrêtés. Cette volonté de moralisation, si elle se poursuit, pourrait redonner de la crédibilité à l’environnement des affaires.
La communauté économique reste prudente. Si les signaux politiques sont encourageants, beaucoup attendent des actes concrets : simplification administrative, cadre fiscal stable, réforme de la commande publique et partenariats public-privé crédibles.
Le scrutin s’est déroulé sans heurts, un signal positif pour les marchés, mais les attentes sociales sont immenses. Dans un pays où le chômage des jeunes dépasse les 30 %, la croissance inclusive sera l’indicateur clé du succès de ce nouveau cycle.