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Covid19

« L’économie ivoirienne a de bons fondamentaux pour résister à la crise »

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Entretien avec FE Doukouré Charles docteur en Economie, Maître-Assistant, enseignant-chercheur à l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et chercheur à la Cellule d’Analyse de Politiques Economiques du CIRES (CAPEC), sur la COVID-19 et l’après COVID-19 dans le monde et en Afrique.

Selon la Banque Mondiale, le PIB de l’Afrique subsaharienne va baisser de 2,3 % en raison de la COVID-19, que pensez-vous de cette prévision ?

La prévision de la Banque mondiale me semble cohérente car la crise de la COVID-19 va provoquer une baisse du produit intérieur brut (PIB).  En effet les effets de la COVID-19 sur l’Afrique peuvent être analysés au niveau extérieur et au niveau intérieur.

Au plan extérieur, l’Afrique est de plus en plus interconnectée avec le monde. De ce fait, on observe cinq canaux de transmission : une baisse de la demande des biens produits en Afrique, une diminution des importations de biens, une réduction des flux entrants d’Investissements Directs Étrangers, un resserrement des marchés financiers et une chute  de la production dans les secteurs tels que le tourisme, l’hôtellerie, la restauration et le transport aérien.

Au niveau intérieur, les autorités ont pris des mesures pour freiner la transmission du virus. Ces mesures ont provoqué un ralentissement de l’activité de production dans plusieurs secteurs comme le transport, la restauration, l’hôtellerie. En outre,  l’appareil productif a connu des ajustements allant des réaménagements des horaires de travail à la diminution de la demande de travail et  une augmentation du chômage.

Quelles sont les conséquences de cette crise dans les pays africains ?

Sur le plan sanitaire, la crise a mis sous pression sur le système sanitaire des pays africains à cause des pertes en vie humaine, la hausse du taux de morbidité.  En outre, la crise a mis à nu les faiblesses du système de santé dans les pays africains et sa capacité à répondre à de telle crise. Par conséquent la crise va permettre une redéfinition du plan stratégique de développement sanitaire.

La crise a provoqué un ralentissement de l’activité économique global avec son corolaire de hausse du chômage, l’augmentation de la vulnérabilité des populations. Cependant on observe des points positifs

Sur le plan économique et social, entre autres effets négatifs l’on peut parler du ralentissement de l’activité économique global avec son corolaire de hausse du chômage, l’augmentation de la vulnérabilité des populations, etc. Cependant il faut noter que la crise pourrait avoir des effets positifs dans les pays africains. En effet,  la crise va susciter de profondes réflexions sur des stratégies de résiliences pour maintenir les activités de production certes, mais aussi soutenir la promotion des PME/PMI dans l’optique d’une croissance inclusive.

 Selon la Banque Mondiale, la croissance du PIB de la Côte d’Ivoire va ralentir et devrait se situer à 2,7 % en 2020. Qu’est ce qui explique que la Côte d’Ivoire résiste et ne sombre pas dans la récession ?

L’économie ivoirienne a de bons fondamentaux qui lui permettent d’être résiliente aux chocs exogènes économiques. Mais cette  crise est différente des crises précédentes. En effet,  les impacts sanitaires peuvent passer du simple ou double en quelques jours comme ce fut le cas en Italie, aux USA et en France pour fragiliser cette solidité.

Aujourd’hui nous pensons que les incertitudes face à cette crise se situent au moins à 3 niveaux : la durée,  la vitesse de propagation et  l’efficacité des réactions des pays. La Côte d’Ivoire n’a certes pas (encore) sombré dans la récession mais la situation ne semble pas totalement sous contrôle non plus, selon nous.

Le scénario de ralentissement de la croissance est valable. Toutefois le risque pour l’économie ivoirienne n’est pas nul si la crise devait durer au-delà du premier semestre 2020. Il est urgent de réviser les prévisions de croissance du produit intérieur brut en tenant compte de la situation sanitaires et des incertitudes présentés.

Comment la Côte d’Ivoire peut faire face à l’après crise ?

Pour faire face à l’après crise, nous proposons une démarche en deux étapes. Il s’agit dans la première étape de tirer les leçons sur les plans sanitaire, économique, social et sécuritaire de la crise dans une approche participative et inclusive. Ensuite il est nécessaire d’élaborer une stratégie cohérente de relance post COVID-19.

Lynn-karelle
Expert Etude Sectorielle
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