Portée par un rebond inattendu en 2024, l’Afrique subsaharienne reste sur une trajectoire de croissance en 2025, malgré un climat mondial de plus en plus incertain. Tandis que la Côte d’Ivoire et le Sénégal consolident leur avance, l’ensemble de l’UEMOA affiche une résilience saluée par le FMI, mais sous la menace persistante des tensions extérieures.
Une reprise freinée par l’incertitude mondiale
Après avoir enregistré une croissance de 4 % en 2024, supérieure aux attentes, l’Afrique subsaharienne devrait voir sa progression ralentir à 3,8 % en 2025, selon les dernières perspectives économiques régionales du FMI. Cette performance reste notable dans un contexte international tendu, marqué par la remontée des taux d’intérêt, le ralentissement du commerce mondial et la baisse des cours de plusieurs matières premières.
Malgré une inflation régionale maîtrisée à 4,5 % début 2025 et un ratio dette/PIB stabilisé sous les 60 %, la fragilité de nombreuses économies africaines demeure. Le FMI alerte notamment sur la vulnérabilité accrue de certains pays aux chocs extérieurs et à la contraction possible des financements internationaux.
Nigéria : des progrès économiques encore insuffisants
Première puissance économique du continent, le Nigéria a enregistré une croissance modérée de 3,4 % en 2024, soutenue par l’augmentation de la production pétrolière et le dynamisme des services. Les réformes monétaires engagées, notamment la libéralisation du naira, ont contribué à restaurer une partie de la confiance des investisseurs.
Cependant, la reprise reste fragile : l’inflation, bien qu’en baisse, reste élevée, les finances publiques sont sous pression et la diversification économique reste lente. Pour 2025, la croissance nigériane est projetée à 3,2 %, insuffisante pour entraîner une amélioration significative du revenu par habitant.
Afrique du Sud : une économie plombée par les contraintes internes
De son côté, l’Afrique du Sud continue de faire face à des défis structurels majeurs : instabilité énergétique, crise logistique, climat politique incertain. Après une croissance de seulement 0,9 % en 2024, la plus faible de la région, la croissance sud-africaine est attendue à 1,5 % en 2025.
Le FMI souligne que l’Afrique du Sud doit impérativement accélérer ses réformes pour relancer la productivité, sécuriser l’approvisionnement en électricité et restaurer la confiance des entreprises et des ménages.
UEMOA : une résilience collective mais des marges de manœuvre limitées
L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui regroupe des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Sénégal, se distingue par sa stabilité monétaire et la vigueur de sa croissance (plus de 6 % attendus en moyenne).
Grâce à la discipline budgétaire et au cadre institutionnel rigoureux encadré par la BCEAO, l’UEMOA attire toujours les investisseurs internationaux. Toutefois, le contexte mondial impose de nouvelles exigences : renforcer la mobilisation des ressources intérieures et réduire la dépendance aux financements extérieurs pour préserver l’élan économique.
Côte d’Ivoire : un moteur stable de la croissance en Afrique de l’Ouest
Parmi les locomotives régionales, la Côte d’Ivoire confirme son dynamisme avec une croissance attendue de 6,3 % en 2025. Portée par ses exportations de cacao et de pétrole, ainsi que par une politique d’investissement soutenue, l’économie ivoirienne bénéficie également d’un accès facilité aux marchés financiers internationaux, en témoigne son émission récente d’euro-obligations.
Toutefois, la forte dépendance aux matières premières impose une gestion budgétaire rigoureuse, dans un contexte où les coûts de financement mondiaux restent élevés.
Sénégal : la nouvelle étoile montante grâce au gaz naturel
Le Sénégal s’apprête à franchir un cap historique avec une croissance projetée à 8,4 % en 2025, l’une des plus fortes d’Afrique subsaharienne. Cette accélération spectaculaire sera alimentée par l’exploitation des gisements de gaz et de pétrole offshore, qui repositionne le pays sur la carte énergétique africaine.
Le défi majeur résidera dans la capacité du gouvernement sénégalais à utiliser cette rente pour diversifier l’économie, investir dans les infrastructures et soutenir la création d’emplois dans un contexte de forte demande sociale.
Face aux incertitudes mondiales, l’Afrique subsaharienne doit renforcer ses fondamentaux économiques tout en poursuivant les réformes structurelles. La Côte d’Ivoire, le Sénégal et l’ensemble de l’UEMOA illustrent la capacité du continent à conjuguer résilience et ambition, à condition de transformer les poches de croissance en dynamiques inclusives et durables.