En Afrique de l’Ouest, l’inclusion financière progresse à deux vitesses : Tandis que le taux d’inclusion financière global atteint 72,3 % en 2023, le taux de bancarisation stricte plafonne à 25,6 %. Une fracture se creuse entre une finance numérique en plein essor et un secteur bancaire encore peu accessible à la majorité des citoyens.
L’inclusion financière continue de progresser dans l’UEMOA, mais elle s’appuie sur deux piliers aux dynamiques contrastées. D’un côté, le mobile money, moteur de croissance rapide, accessible et populaire. De l’autre, un secteur bancaire traditionnel plus lent à se transformer, mais toujours central dans les grandes opérations et l’intermédiation financière. En 2023, ces deux mondes montrent des signes d’interconnexion croissante, esquissant les contours d’un écosystème hybride en pleine mutation.
Le mobile money, moteur de l’inclusion massive
Le taux global d’inclusion atteint 72,3 %, mais seuls 25,6 % des adultes détiennent un compte bancaire classique, soit environ 37 millions de personnes. Par contraste, 209 millions de comptes mobile money ont été enregistrés en 2023 dans l’UEMOA, pour 9 milliards de transactions, totalisant 130 150 milliards FCFA — soit 130 % du PIB régional. La valeur des paiements électroniques via mobile money a bondi de 35 % en un an, dopée par des usages du quotidien : transferts, achats, règlements de factures.
Des banques encore solides sur les gros volumes
Si leur part relative dans les paiements électroniques recule (13 % en 2023, contre 21 % en 2022), les banques restent au cœur des volumes les plus importants. Via le système STAR-UEMOA, elles ont traité 1 040 806 milliards FCFA de transactions en 2023 (+23,6 %). Le système SICA-UEMOA, dédié aux échanges interbancaires de masse, a enregistré 28,3 millions d’opérations pour 78 210 milliards FCFA.
Les virements interbancaires de masse (notamment les salaires, paiements aux fournisseurs et transferts inter-entreprises) restent ainsi dominés par les canaux bancaires formels. Néanmoins, cette solidité reste peu visible auprès du grand public, où la rapidité, l’accessibilité et le maillage territorial des opérateurs de mobile money font la différence.
Une interconnexion croissante entre banques et fintechs
En 2023, près de 15 millions de virements ont été effectués entre comptes bancaires et wallets mobile money, pour un montant total de 1 372 milliards FCFA, soit une croissance de 100 % en un an.
Cette montée en puissance des flux bank-to-wallet illustre l’évolution vers un système plus intégré, où les banques s’adaptent aux usages numériques tout en capitalisant sur leur rôle structurel : financement de l’économie, sécurisation des gros flux, encadrement réglementaire.
Vers un écosystème financier hybride
La dynamique actuelle n’est plus celle de l’opposition, mais de la cohabitation constructive. Le mobile money apporte l’accessibilité, les banques garantissent la profondeur. Ensemble, elles dessinent un écosystème financier plus fluide, connecté, et mieux adapté aux attentes des citoyens comme des entreprises.
La prochaine étape ? L’ arrivée d’une plateforme de paiement instantané interopérable, pilotée par la BCEAO, qui pourrait ancrer durablement cette convergence technologique.